Publié le 25 décembre 2018
C’est le pesticide qui fait débat dans la filière viticole bio. Le sulfate de cuivre, le plus célèbre fongicide utilisé pour la vigne, vient d’être homologué de nouveau en Europe, malgré les risques de pollution des sols. À l’occasion des fêtes de fin d’année, Novethic vous propose, toute la semaine, de plonger sans modération dans le monde du vin.

C’est un des rares pesticides autorisés dans l’agriculture bio et son utilisation vient d’être réhomologuée. Le 27 novembre, à Bruxelles, les États membres se sont en effet accordés sur la prolongation du sulfate de cuivre pour sept années. Ce fongicide naturel est utilisé majoritairement dans la viticulture bio pour lutter contre les ravages du mildiou, un champignon qui peut se développer très rapidement et pourrir la récolte d’une année. Il est mélangé avec de la chaux pour former la fameuse "bouillie bordelaise".
Des effets néfastes sur la faune des sols
S’il n’est pas classé comme cancérogène probable par le Centre international de recherche sur le cancer, ses effets néfastes sur la pollution des sols ont pourtant été pointés du doigt par l’Autorité européenne pour la sécurité alimentaire (EFSA). "Des concentrations excédentaires en cuivre ont des effets néfastes sur la croissance et le développement de la plupart des plantes, sur les communautés microbiennes et la faune des sols", explique Didier Andrivon de l’INRA, Institut national de la recherche agronomique. Les États membres ont donc décidé de baisser la quantité maximum autorisée à kilogrammes par hectare et par an avec la possibilité de lissage sur une durée de sept ans.
"Je me félicite de cette décision, qui est conforme aux demandes de la France, notamment sur la définition des seuils sur une échelle pluriannuelle. C’est une décision équilibrée et pragmatique pour les producteurs, la protection de l’environnement et de la santé des consommateurs", a jugé le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume.
Pas d’alternative naturelle aussi efficace
Les agriculteurs bio se disent soulagés de cette décision. "Si l’Europe avait tranché pour 4 kg par an sans lissage, le secteur aurait été en grande difficulté pour aborder les années à fortes pressions mildiou où les besoins en cuivre sont plus élevés", avance la FNAB, Fédération nationale d’agriculture biologique. Cette dernière critique également la méthodologie d’évaluation des scientifiques concernant la toxicité du sulfate de cuivre qui est calqué sur celle des molécules chimiques fabriquées par les humains. 
L’interdiction du sulfate de cuivre était crainte par de nombreux agriculteurs, car, à part les pesticides de synthèse, il existe peu d’alternatives aussi efficaces. Le mieux est de combiner différents moyens de luttes contre ces maladies. L’INRA préconise notamment le biocontrôle, les bâches anti-pluie qui évite la contamination ou encore la résistance variétale. Reste à l’État d’aider les agriculteurs à changer leurs pratiques, estime la FNAB qui demande la mise en place d’un Plan Cuivre transversal. 
Marina Fabre @fabre_marina

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