Teleperformance, spécialiste de la relation clients dans plus de 100 pays et en 300 langues, est dans une situation paradoxale : de bons résultats financiers mais un cours de bourse en chute libre pour cause de modèle vieillissant. L’assemblée générale devait rassurer les actionnaires sceptiques sur la capacité de l’entreprise à ne pas se laisser dévorer par l’intelligence artificielle. Les salariés français eux ont débrayé à cause des écarts de rémunération entre leur PDG et eux.
Indéboulonnable PDG de Teleperformance, Daniel Julien, 71 ans, a tenté dans un franglais laborieux de convaincre que son entreprise était victime d’une injustice boursière. Elle a perdu plus de 30% de sa valeur en un an et touché le fond de mars à mai 2024. L’action est suffisamment bousculée pour que Teleperformance soit menacée de quitter le CAC40 où elle est entrée en 2020. Raison principale : les menaces qui pèsent sur son nouveau métier, la modération des réseaux sociaux où elle s’est massivement développée et qui emploie des dizaines de milliers de salariés en Colombie, en Egypte ou au Kenya.
Les observateurs financiers pensent que Teleperformance pourrait perdre rapidement ses gros clients de la tech qui misent tous sur l’intelligence artificielle générative et pourraient donc réinternaliser leur activité de modération pour amortir leurs investissements. "Même pas peur", semblait dire Daniel Julien d’une voix malgré tout hésitante ! "Nous avons 250 projets en cours lié à l’IA et je suis épaulé par Bhupender Singh", assure-t-il. Cet ingénieur indien de 51 ans a été nommé co-gérant de l’entreprise dont il doit, d’ici deux ans, devenir le directeur général.
Mouvements sociaux en série chez Teleperformance
Pour Daniel Julien, l’arme fatale c’est "l’intelligence émotionnelle contre l’intelligence artificielle" que traduit son slogan "High tech, high touch for a better customer experience", ce qui veut dire