La bonne nouvelle c’est que, pour une fois, le climat est présent dans tous les programmes. La mauvaise, c’est qu’il ne l’est pas toujours à la hauteur des enjeux. “Il y a une forte polarisation sur les enjeux du climat et de la transition écologique et juste socialement”, constate le Réseau action climat (RAC). A la veille des élections européennes, l’organisation, qui fédère des dizaines d’associations environnementales, a publié un décryptage des programmes des principaux candidats et les a notés sur leur ambition climatique.
“Si certaines listes proposent des mesures concrètes et efficaces, d’autres en restent au stade incantatoire voire proposent des reculs graves dans la lutte contre le changement climatique et contre le déclin de la biodiversité”, résume le RAC. Trois listes obtiennent la meilleure note : Les Écologistes (EELV-EE), PS-Place Publique (PS-PP) et La France Insoumise (LFI). “Elles ont fait de la transition écologique et sociale leur priorité”, pointe la fédération d’ONG.
Flou, contradictions
Raphaël Glucksmann (PS-PP) propose ainsi de lancer une convention citoyenne européenne pour le climat dont les propositions devront être reprises par la Commission européenne, ou encore de créer une agence de planification écologique européenne, afin de piloter les objectifs du pacte vert. Marie Toussaint (EELV-LE) propose quant à elle d’interdire le chalutage de fond dans les aires marines protégées, de restaurer la nature mais aussi d’élaborer une directive pour la condition animale. Manon Aubry (LFI) appelle entre autres à introduire une taxe européenne sur les vols internationaux et intra-européens et à favoriser le développement et la rénovation des lignes de fret, des trains du quotidien et des trains de nuit entre pays européens
Le parti Besoin d’Europe, représenté par Valérie Hayer, est noté plus sévèrement en raison d’un programme jugé “trop vague“. “La proposition d’un plan d’investissement de 1 000 milliards d’euros va dans le bon sens, mais rien n’indique quelle part de ce plan serait fléchée vers la transition écologique, ni quels secteurs de la transition écologique seraient financés en priorité”, relève le RAC. La candidate de la majorité présidentielle propose également d’étendre la taxe carbone aux frontières à de nouveaux secteurs, comme l’automobile, ce qui est noté comme un point positif.
Cette mesure est également portée par François-Xavier Bellamy (Les Républicains, LR). Toutefois, plusieurs propositions de son programme sont jugées négativement comme l’abrogation de l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs en 2035 et de la stratégie “de la ferme à la fourchette” ou encore la réautorisation des quotas gratuits aux industries polluantes. Enfin, les partis Reconquête et Rassemblement national obtiennent les plus mauvaises notes car ils “attaquent les acquis environnementaux européens”.
Quel avenir pour le Pacte vert ?
Parmi les autres comparateurs consacrés à la transition écologique et sociale, on peut citer celui du Lierre, un réseau qui rassemble plus de 1 800 fonctionnaires autour de la transition écologique, ou encore celui du WWF qui a envoyé un questionnaire aux partis politiques. A la question de savoir si le Pacte vert doit être maintenu comme l’une des principales priorités politiques du prochain mandat, les résultats confirment un fort soutien des listes LFI, PS-PP, EELV-LE. Besoin d’Europe et LR ne répondent pas explicitement à la question.
Le RN affirme qu’ils ne maintiendront pas le Pacte vert comme une priorité politique. Jordan Bardella souhaite ainsi abroger l’interdiction de la vente des véhicules neufs à moteur thermique à partir de 2035, instaurer un moratoire sur les normes appliquées aux grandes entreprises sur l’environnement (devoir de vigilance, CSRD…) et assouplir les obligations européennes de rénovation énergétique des bâtiments. Marion Maréchal (Reconquête) va plus loin en appelant à abroger l’ensemble des mesures du Pacte vert, à supprimer tout financement à l’éolien et à construire des bassines et retenues d’eau.