Publié le 05 novembre 2020

INFOGRAPHIES & VIDÉOS

[La vidéo des solutions] Gilet de sauvetage, tenue de gendarme, affiche… Chez Bilum, les déchets deviennent des accessoires de mode

Des gilets de sauvetage d'Air France transformés en trousses, des vieilles peaux de montgolfières en sacs à dos, des affiches publicitaires en housses d'ordinateur... Depuis quinze ans, Bilum récupère les matériaux destinés à l'incinération pour créer des produits originaux et porteurs d'histoire. L'entreprise a donné une seconde vie à plus de 16 tonnes de matières en quelques années.

Bilum Marina Fabre
Bilum a ainsi récupéré plus de 16 tonnes de matière et réalisé plus de 200 000 pièces.
Marina Fabre

Il y a un air de caverne d’Alibaba dans l’atelier de Bilum, à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne). Les rouleaux d’affiches publicitaires sont empilés au fond de l’atelier et les tiketiketics des machines à coudre se font entendre dès l’entrée. Stéphanie, la cheffe de l’atelier de confection, est en train de coudre un blouson réformé de la gendarmerie nationale pour en faire une housse de protection pour tablette électronique. Depuis 15 ans, Bilum transforme ainsi des matières destinées à la destruction en sacs, ceintures, porte-cartes ou encore trousses de toilette. 

La fondatrice de Bilum, Hélène de La Moureyre, travaillait auparavant dans l’évènementiel. "Je vendais des toiles publicitaires géantes qu’on trouve sur le périphérique et les façades d’immeuble en travaux", explique celle qui a constaté l’énorme gâchis de ces affiches dont le recyclage est impossible. Elle leur donne désormais une seconde vie en les transformant en accessoires de mode. Aujourd’hui, Bilum travaille plus de 20 matières différentes, comme des gilets de sauvetage d’Air France en passant par les ceintures de sécurité récupérées à la casse, jusqu’au drapeau français qui flottait au-dessus du Grand-Palais, il y a peu.

Chaque pièce raconte une histoire

"Jamais je n’aurais cru travailler sur des matières comme celles-ci", raconte Stéphanie. "Un jour, nous avons récupéré une vieille peau de montgolfière pour en faire un sac à dos. Quand on sait ce qu’elle a fait avant, ça fait rêver", glisse-t-elle. En quelques années, Bilum a ainsi récupéré plus de 16 tonnes de matière et réalisé plus de 200 000 pièces. Si la société souhaite s’ouvrir au grand public et propose d’ailleurs des accessoires tendances sur son site Internet, ces principaux clients restent aujourd’hui des entreprises. 

"On va récupérer les déchets des entreprises et fabriquer toute une gamme de produits qu’ils vont commercialiser ou offrir. J’ai l’habitude de dire qu’on confectionne l’héritage des marques à travers leurs propres matières", explique Hélène de La Moureyre. Sur le site d’Air France, on retrouve ainsi les trousses, housses et bagages fabriqués à partir du tissu des sièges des avions de la compagnie. Le bénéfice est double pour l’entreprise. D’un côté elle n’est plus obligée d’incinérer ses matières. De l’autre, elle peut raconter une histoire en proposant des produits porteurs de son patrimoine. 

Du temps et de l'argent

Contrairement aux usines classiques, il est difficile d’automatiser la confection. Chaque pièce est unique, selon les matériaux récupérés. Alexandre, chef de production, a ainsi étalé une nouvelle affiche sur sa table de découpe. Elle vient de l’écomusée de l’Avesnois. Il teste, avec un carton prédécoupé aux formats d’un porte-monnaie, où découper l’affiche. Rien n’est décidé à l’avance. "C'est un jeu de puzzle. On va essayer de trouver la pièce la plus originale", avance-t-il. Après la découpe, et le nettoyage, effectué par du personnel en insertion sociale, Alexandre va passer ses pièces à la presse pour les découper au millimètre près. Ces dernières seront alors envoyées en ESAT, ses établissements favorisant l’insertion des personnes en situation de handicap. Après leur confection, elles reviendront chez Bilum. Des étapes artisanales qui coûtent évidemment plus chères.

"L’upcycling prend beaucoup de temps. Et d’argent. Une ceinture de sécurité récupérée à la casse par exemple, nous coûte plus cher que d’en acheter une neuve", explique Hélène de la Moureyre. D’autant que toutes les pièces utilisées, boucles, fermetures éclair, boutons sont achetées en France ou en Europe s’il est impossible d’en trouver dans l’Hexagone. 

Marina Fabre, @fabre_marina


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