Publié le 23 octobre 2019
INFOGRAPHIES & VIDÉOS
[Édito Vidéo] Face à une économie ultralibéralisée, des soulèvements mondialisés
À travers le monde, des centaines de milliers de personnes manifestent, poussées dans la rue par leur faiblesse de pouvoir d’achat et leur rejet d’une société où les inégalités se creusent. En Équateur, au Chili, cela conduit à des affrontements brutaux et même des morts. Ce mouvement généralisé doit pousser à repenser le capitalisme et rendre plus juste les transitions qui modifient nos vies.

@PatrickBaz/AFP
Une colère gronde sur le monde… et les causes en semblent parfois insignifiantes. Au Chili une hausse de quelques pesos du ticket de métro a mis le feu à la rue où circulent des chars et où on déplore 11 morts. Au Liban, des violences émaillent Beyrouth. À l’origine, une taxe sur les communications WhatsApp, pourtant immédiatement retirée. En Équateur, une hausse des carburants a provoqué huit morts et presque deux semaines de paralysie du pays.
On pourrait encore parler des manifestations au Venezuela, en Irak, en Espagne, celles récentes en Algérie… Toutes ces petites étincelles souvent liées au pouvoir d’achat sont en train d’allumer une énorme bombe sociale alimentée aux inégalités croissantes. Et ce n’est pas qu’une question de pays pauvres. La crise des gilets jaunes en France procède des mêmes causes.
Un capitalisme dévoyé
La crise sociale est une crise du capitalisme que beaucoup appellent à rendre plus responsable, car il a été dévoyé par un libéralisme intenable. Le cas Chilien est frappant. Sous la dictature Pinochet, un groupe d’économistes, appelés les Chicago boys, ont imposé une doctrine ultralibérale engageant la dérégulation des marchés, la promotion de l’économie de marché et l’affaiblissement du rôle social de l’état. Doctrine jamais remise en cause depuis.
Certes le Chili est devenu un joyau de croissance… mais au prix d’une classe de plus en plus pauvre. Dans le Monde, l’historien Olivier Compagnon, directeur de l’Institut des hautes études de l’Amérique latine (IHEAL), parle "du produit de quarante ans d’orthodoxie néolibérale." Si le Chili est un cas aigu, il ne reflète qu’une planète où, en 2018, les 26 milliardaires les plus riches possédaient autant que les 4 milliards d’humains les plus pauvres, nous apprend Oxfam.
Ces crises interviennent dans un monde en pleine transition. Transition écologique, financière, politique, sociétale…. Pour être tenable, toutes ces transitions doivent embarquer toutes les populations sans laisser personne de côté. Hasard du calendrier, la COP 25 doit se dérouler du 2 au 13 décembre au Chili. Contrairement à ce que certains demandent, il ne s’agit pas de la boycotter. Au contraire, il faut s’y précipiter et y affirmer que sauver la planète ne pourra se faire qu’en s’appuyant sur la transition la plus juste possible.
Ludovic Dupin, @LudovicDupin