Publié le 17 avril 2020
POLITIQUE
Coronavirus : Emmanuel Macron donne un aperçu de sa vision du monde d’après
Dans une interview au Financial Times, Emmanuel Macron décrit la manière dont la pandémie de Covid-19 va modifier le monde. Cette crise présente à la fois l’opportunité de transformer l’économie mondiale, notamment pour lutter contre le changement climatique et les inégalités sociales. Mais aussi des risques importants pour la démocratie si les pays, notamment de l’Union européenne, ne font pas preuve de plus de solidarité.

@CCO
Après son allocution du 13 avril dernier à la télévision française, Emmanuel Macron a poursuivi sa tournée des médias. Il a donné une interview au Financial Times le 16 avril, dans laquelle le président de la République française donne son point de vue sur la manière dont la crise du coronavirus affectera le monde d’après. Selon le quotidien britannique, Emmanuel Macron voit la crise du coronavirus comme un événement existentiel pour l’humanité qui changera la nature de la globalisation et la structure du capitalisme international.
1. Risque climatique : l’heure du réveil
Il compare notamment la pandémie au risque climatique. Des risques qui paraissent éloignés, jusqu’à ce qu’ils se matérialisent à notre porte. "Le risque climatique a l’air d’être lointain car il affecte l’Afrique et le Pacifique. Mais quand il vous atteint, c’est l’heure du réveil", explique-t-il. Pour Emmanuel Macron, la pandémie et le confinement qui s’en est suivi va pousser les citoyens à réfléchir sur notre modèle de société. "Quand nous sortirons de cette crise, les gens n’accepteront plus de respirer de l’air sale", dit-il au quotidien britannique. "Les gens diront "je ne suis pas d’accord avec les choix de sociétés qui m’obligent à respirer un air comme ça, où mon bébé attrape la bronchite à cause de cela", continue-t-il.
Et pas question de dire que les solutions prennent du temps. "Personne n’hésite à faire des choix profonds, brutaux, quand il s’agit de sauver des vies. C’est la même chose pour le risque climatique", affirme-t-il. Il espère utiliser l’élan actuel, qui a poussé les États à privilégier les vies humaines sur la croissance, pour s’attaquer au risque climatique et aux inégalités sociales qui menacent l’équilibre mondial.
2. Combattre la montée des populismes
Cette vision optimiste est contrebalancée par la crainte d’une montée des populismes. Certains pays ont fait le choix d’une forme d’autoritarisme pour combattre la pandémie, comme la Hongrie de Viktor Orban. "Nous ne pouvons pas accepter cela, assène-t-il. Vous ne pouvez pas abandonner votre ADN fondamental sous prétexte qu’il y a une crise sanitaire."
Pour Emmanuel Macron, une certaine forme de mondialisation arrive aujourd’hui en bout de course. La globalisation de l’économie a eu deux versants, selon lui. Elle a d’abord permis de lutter contre le totalitarisme ou contre la pauvreté dans le monde. Puis la machine s’est emballée et a eu pour effet la montée des inégalités sociales, en particulier dans les pays développés. Au risque de faire revenir les populistes.
3. Renforcer la solidarité en Europe
C’est tout particulièrement le cas en Europe, qui se voit opposer pays du Nord (Allemagne, Pays-Bas, etc.) et pays du Sud (Italie, Espagne, France, etc.) sur la question budgétaire. Pour le Président français la solidarité entre les pays européens est la seule solution.
"C’est évident parce que les gens diront (…) Ils (les pays du Nord, NDR) sont favorables à l’Europe quand il s’agit d’exporter vers chez vous les marchandises qu’ils produisent. Ils sont favorables à l’Europe lorsque cela signifie que votre main d’œuvre doit venir produire les pièces automobiles que nous ne fabriquons plus à la maison. Mais ils ne sont pas pour l’Europe quand cela signifie de partager le fardeau", explique-t-il
Pour Emmanuel Macron, "nous sommes à un moment de vérité qui consiste à décider si l’Union européenne est un projet politique ou juste un projet de marché. Je pense que c’est un projet politique." Et pour le démontrer, c’est notamment d’une solidarité financière dont l’Europe a besoin, d’après le Président français, qui milite toujours pour la création d’un fonds d’aide financé par une dette mutualisée entre les États membres.
Arnaud Dumas, @ADumas5