Publié le 08 novembre 2019
INFOGRAPHIES & VIDÉOS
[Infographie] Les citoyens n'ont qu'un impact minoritaire dans la lutte contre le changement climatique
Il y a quelques semaines, France 2 a programmé de façon inédite un prime sur le changement climatique en début de soirée. Celui-ci a réuni plus de 2 millions de téléspectateurs (12,3 % du public), un score encourageant. Tout au long de la soirée, les Français étaient appelés à s'engager sur dix éco-gestes (manger moins de viande, réduire ses trajets en avion et en voiture, baisser son chauffage...). Mais selon le cabinet de conseil Carbone 4, si ces actions sont nécessaires, elles sont loin d'être suffisantes pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris.

@CC0
[Mise à jour le 11 novembre 2019] Vous faites peut-être partie des 2,3 millions de téléspectateurs qui ont suivi "L'émission pour la Terre", le prime de France 2 sur le changement climatique diffusé le 15 octobre dernier et présenté par Nagui et Anne-Elisabeth Lemoine. Les téléspectateurs étaient appelés à s'engager sur 10 éco-gestes (baisser le chauffage, réduire la consommation de viande, acheter des fruits et légumes de saison, ...). Or, selon une étude de Carbone 4 (1), les trois-quarts de l'effort doivent provenir des entreprises et de l'État et d'un engagement bel et bien collectif. Et seulement un quart des citoyens.
Le cabinet de conseil, spécialisé dans la transition énergétique et l’adaptation au changement climatique, a mesuré l’impact réel des éco-gestes citoyens et leur potentiel de réduction de l’empreinte carbone moyenne. Alors que nous devons réduire celle-ci de 80 % d’ici 2050 pour s’aligner avec les objectifs de l’Accord de Paris, les experts ont estimé que l’impact des gestes individuels est loin d’être négligeable, mais insuffisant.
Des efforts qui paient...
Parmi les actions individuelles à plus fort impact, le passage d’un régime carné à un régime végétarien, voire végétalien, est significatif. Il permet de limiter les émissions issues de l’élevage et de la déforestation, et représente à lui seul 10 % de la baisse de l’empreinte. Viennent ensuite les actions liées à la mobilité (covoiturage, suppression des trajets en avion, modes de transport doux), à la consommation de biens et services (achat de vêtements, d’électroménager et d’appareils high-tech d’occasion, zéro déchet) puis au logement (thermostat, éclairage LED).
Mais même avec un comportement individuel que le cabinet qualifie d'"héroïque", c'est à dire où chaque Français aurait activé tous les éco-gestes, un citoyen ne peut espérer réduire son empreinte de plus de 2,8 tonnes par an, soit environ 25 % de l’empreinte carbone annuelle. Pour passer à la vitesse supérieure, il faut qu'il investisse dans des projets de réduction d’émissions : rénovation thermique, changement de chaudière et achat d’un véhicule bas carbone. C'est à cette seule condition que le citoyen "héroïque" peut atteindre une baisse de 45 % de son empreinte carbone, soit la moitié des efforts nécessaires pour parvenir à l’objectif 2°C.
...mais qui n'ont de sens et ne sont possibles qu'avec l'action des pouvoirs publics et des entreprises
Si ces gestes du quotidien sont indispensables, ils sont donc insuffisants, le reste de l’effort devant être fourni par l’État et les entreprises. C’est là l’autre grande conclusion de l’étude de Carbone 4. "L’autre moitié du gisement de réduction est aux mains des acteurs clés de notre environnement sociotechnique, à savoir les pouvoirs publics et les entreprises".
Cette part est même "indirectement plus forte encore, car une bonne partie de la baisse côté ménages, requérant des investissements, ne pourra avoir lieu sans les dispositifs et incitations publics adéquats". De fait, "si le système socio-technique très énergivore dans lequel nous vivons tous ne se réforme pas de toute urgence, l’injonction permanente à l’effort individuel ne pourra plus être entendue très longtemps" concluent les auteurs.
Ils appellent les entreprises à décarboner l'ensemble de leur chaîne de valeur. Les États eux, devront flécher leurs investissements dans les filières bas carbone au détriment des actifs bruns, développer les incitations publiques adéquates, adapter la fiscalité, ou encore renégocier certains accords commerciaux.
Dans un scénario réaliste, qui implique une acceptation modérée des changements de comportements des individus, les experts de Carbone 4 considèrent que la part de l'engagement collectif représenterait environ les trois quarts de l’effort contre un quart pour les individus. Ce qui ne signifie pas pour autant que nous ne pouvons rien faire ! Ils sont formels là-dessus : il faut la contribution de tous.
Concepcion Alvarez, @conce1
(1) Voir l'étude de Carbone 4.