Publié le 09 janvier 2017
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
Evasion fiscale : les "faucheurs de chaises" devant la justice
C’est inédit. Pour la première fois un "faucheur de chaise" est poursuivi en justice. Jonathan Palais est accusé d’avoir volé une chaise dans une des agences de BNP Paribas. Il voulait dénoncer "les pratiques d’évasion fiscale de la banque". Celle-ci nie toutes ces accusations et réclame un euro symbolique de dommages-intérêts.

IROZ GAIZKA / STR / AFP
"Ce ne sont pas les faucheurs de chaises qu’il faut juger, c’est l’évasion fiscale en bande organisée !". C'est sous ce cri de ralliement des "faucheurs de chaises", que s'est ouvert ce lundi 9 janvier le premier procès de l'un des leurs.
Jonathan Palais, militant de l’ONG Bizi, est poursuivi par BNP Paribas pour avoir volé une chaise dans une succursale parisienne de la banque, le 19 octobre 2015. Il risque 75 000 euros d’amende et 5 années d’emprisonnement. La décision a été mise en délibéré jusqu’au 23 janvier prochain mais le parquet a requis une "dispense de peine".
Mettre en lumière l’évasion fiscale
Pour l’occasion, des centaines de militants, d’hommes et de femmes politiques dont Benoît Hamon, Pierre Larrouturou et José Bové s’étaient réunis à Dax, lieu du procès. Ils sont venus soutenir les "faucheurs de chaises" qui ont fait de la lutte contre l’évasion fiscale leur principal combat depuis février 2015.
"Le but est simple : mettre en lumière les procès des évasions fiscales", explique Florent Compain, président des Amis de La Terre, lui aussi accusé de "vol en réunion" par la banque. Le procès, largement médiatisé, s’est "transformé en procès de BNP", se réjouit-il. "Nos actions sont non-violentes et symboliques. L’argent de l’évasion fiscale peut servir à la transition écologique et sociale. Il faut que nous le récupérions".
"Intrusion à caractère offensant"
BNP Paribas, de son côté, nie toutes accusations d’évasion fiscale. La banque affirme n'être présente dans aucun pays de la liste des paradis fiscaux établie par l’OCDE, qui constitue la référence en la matière.
La banque réclame 1 € symbolique de réparation. BNP affirme également ne pas avoir porté plainte pour le vol de chaise mais, officiellement, pour "l’intrusion à caractère offensant et violent à l’encontre des clients et collaborateurs qui travaillent en agence". Et l'établissement bancaire de réclamer une "discussion sereine" sur le sujet.
Un dialogue de sourd
Une sérénité qui ne semble pas de mise. BNP a promis de porter plainte à chaque intrusion. Les Amis de La Terre et autres associations réclament "l’arrêt des poursuites" contre leurs militants.
Le dialogue de sourd se conclura donc au tribunal. Le 11 avril prochain débutera le procès de Florent Compain. Il espère "une relaxe" mais surtout une prise de conscience des citoyens. "La mobilisation d’aujourd’hui montre bien que les citoyens s’emparent du sujet. Ils veulent des réponses".