Publié le 19 novembre 2018

GOUVERNANCE D'ENTREPRISE

Après la dénonciation au fisc de Carlos Ghosn, Nissan évoque le "côté obscur" du dirigeant de l'alliance Renault-Nissan

Carlos Ghosn a été dénoncé par Nissan au fisc japonais. Celui-ci aurait dissimulé une partie de ses revenus et aurait détourné des biens de l'entreprise. Le président exécutif du constructeur japonais, Hiroto Saikawa, dénonce le côté obscur du grand patron, dont Nissan va proposer le départ. De son côté, Renault annonce la tenue d'un conseil d'administration dans les plus brefs délais. 

Carlos Ghosn est PDG de l'alliance Reanult-Nissan depuis 2005.
@DR

[Mis à jour le 19/11/2018 à 17h15] Carlos Ghosn, 64 ans, est actuellement interrogé par le parquet de Tokyo qui le soupçonne de ne pas avoir déclaré la totalité de ses revenus au fisc, selon le quotidien Asahi Shimbun. Le dirigeant sera arrêté une fois ces informations confirmées, précise cette source. De son côté, Nissan a confirmé que son dirigeant avait dissimulé ses revenus au fisc.

Selon les résultats d'une enquête interne, le dirigeant a "pendant de nombreuses années déclaré des revenus inférieurs au montant réel". "En outre, de nombreuses autres malversations ont été découvertes, telles que l'utilisation de biens de l'entreprise à des fins personnelles", ajoute le groupe qui va proposer au conseil d'administration de le "démettre de son poste rapidement".

Le côté obscur

Le président exécutif du constructeur d'automobiles japonais, Hiroto Saikawa, a eu des mots très durs contre l'ex PDG, tombé pour avoir trop concentré les pouvoirs, selon ses mots. "C'est un problème que tant d'autorité ait été accordée à une seule personne", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au siège du groupe à Yokohama, en banlieue de Tokyo.

Il ajoute : "Je dois dire que c'est un côté obscur de l'ère Ghosn", et, "à l'avenir, nous devons nous assurer de ne pas nous appuyer sur un individu en particulier", a-t-il ajouté. Se départissant de la prudence adoptée en pareil cas, et sans même attendre les conclusions de l'enquête, Nissan a annoncé la tenue d'un conseil d'administration dès jeudi 22 novembre pour démettre Carlos Ghosn de son poste de président de cette instance.

À la tête de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi depuis 2005, Carlos Ghosn a touché 13 millions d'euros en 2017, selon les calculs du cabinet Proxinvest, spécialisé dans la gouvernance. Il a touché l'an dernier 7,4 millions d'euros comme patron de Renault.

Quel avenir pour l’après Ghosn ?

L'Alliance Renault-Nissan, élargie en 2016 à Mitsubishi, est devenue numéro un mondial des ventes l'an dernier avec 10,6 millions d'automobiles écoulées. Sous l'impulsion de Carlos Ghosn, le groupe aux finances désormais solides a été le premier à investir massivement dans la voiture électrique, dont il est leader mondial. Après l'avoir moqué, la concurrence a suivi récemment, voyant le marché décoller.

Le géant industriel franco-japonais regroupe dix marques (dont Dacia, Lada, Samsung Motors, Alpine, Infiniti, Datsun...). Il compte 470 000 salariés et 122 usines sur tous les continents. Mais le fonctionnement de cet ensemble, qui repose sur des prises de participations croisées, non majoritaires, pose des questions sur sa viabilité au-delà de l'ère Ghosn.

À la Bourse de Paris, le titre de Renault s'effondrait alors de plus de 12%. La place tokyoïte était, quant à elle, fermée quand les premières rumeurs sont apparues. "Dans l’attente d’informations précises (...), les Administrateurs consultés expriment leur attachement à la défense de l’intérêt du groupe Renault dans l’Alliance. Le Conseil d’Administration de Renault se réunira au plus vite", écrit le constructeur français dans un communiqué.

Alors que l'État français détient 15 % de Renault, le Président de la République Emmanuel Macron assure que "L'État, en tant qu'actionnaire, sera extrêmement vigilant à la stabilité de l'alliance [avec Nissan] et au groupe pour l'ensemble des salariés".

Ludovic Dupin avec AFP


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