Publié le 04 juillet 2019
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
Shell, BP ou Tesla... L’engagement actionnarial démontre son impact sur la transformation des entreprises
Les coalitions d’investisseurs mettent en place des méthodologies précises pour questionner les entreprises sur leur responsabilité sociétale. La Transition Pathway Initiative et le néerlandais NN Investment Partners expliquent, à l’occasion du Positive Investors Forum 2019 de Novethic, les résultats qu’ils ont obtenu auprès d’entreprises comme Shell, BP ou Tesla.

@Tesla
Le rapport d’une Organisation Non Gouvernementale fait parfois office d’un électrochoc. Lorsqu’Influence Map sort un rapport expliquant que les compagnies du pétrole et gaz dépensent 200 milliards de dollars par an en lobbying anti-climat, les investisseurs engagés ont réagi. "C’est un peu naïf, mais beaucoup de monde avait un peu oublié le lobbying, s’étonne Faryda Lindeman, spécialiste de l’investissement responsable chez NN Investment Partners. Ce rapport nous a ouvert les yeux, il fallait agir."
Les investisseurs ont commencé à demander aux entreprises plus de transparence sur leur adhésion à des organisations de lobby. Avec succès. "Shell a été le premier à publier un rapport sur la question, explique Faryda Lindeman. Des constructeurs automobiles lui ont emboîté le pas." La Transition Pathway Initiative, de son côté, a décidé d’ajouter deux nouveaux indicateurs à sa méthodologie de scoring sur le lobbying.
Transition Pathway Initiative (TPI), c’est une organisation récente, mais qui montre déjà des résultats de son action. Créée en 2017 et soutenue depuis par 45 investisseurs représentant 14 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion, TPI a développé une méthodologie précise pour affiner les techniques d’engagement actionnarial. "Nous l’avons développée avec la London School of Economy, pour cartographier les entreprises dans deux directions : la qualité du management et la performance carbone", explique Nadine Viel Lamare, la directrice de TPI.
Une méthode efficace
En tout, 70 indicateurs clés sont observés par les analystes de l’initiative, ils permettent de scorer les entreprises dans les deux domaines de 0 à 4, des moins engagées aux plus impliquées. Les meilleures ont, par exemple, mis en place des objectifs quantifiés de réduction de gaz à effet de serre, intégré les sujets environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans le calcul de la rémunération des managers ou encore incorporé les risques et opportunités du changement climatique dans leur stratégie.
"Nous pouvons comparer les notes des entreprises et c’est très efficace, se réjouit Nadine Viel Lamare. Les entreprises se demandent pourquoi elles sont moins bien notées que les autres !" Ces notes servent de support pour dialoguer avec les entreprises. Tesla, sensée connaître la problématique du changement climatique, ne publiait aucun chiffre, aucune information. "Ils ont commencé à produire des rapports et à nous contacter", affirme la directrice de TPI.
Même chose pour BP, la compagnie pétrolière avec laquelle TPI a inauguré sa méthode. À l’époque, le britannique n’avait aucun objectif public sur le climat, ils avaient donc la plus mauvaise note possible. Mais le dialogue entre la coalition d’investisseurs et BP a fonctionné. "Devinez quoi ? Deux ans après, ils étaient à 4", s’amuse la directrice de TPI.
Arnaud Dumas @ADumas5