Publié le 11 décembre 2017
FINANCE DURABLE
Société Générale est la troisième banque française à se désengager des sables bitumineux
A la veille de la semaine climat incarnée par le Climate Finance Day et le One Planet Summit, Société générale annonce son désengagement des sables bitumineux et du pétrole en Arctique ainsi qu’une contribution à hauteur de 100 milliards d’euros au financement de la transition énergétique entre 2016 et 2020. Un pas en avant mais qui est encore loin des pratiques les plus ambitieuses.

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Et de trois ! Après le Crédit Agricole et BNP Parisbas, c’est la Société Générale qui annonce le renforcement de son action climat à la veille de l’ouverture de la semaine de mobilisation de finance sur le climat, le One Planet Summit. Dans un communiqué publié vendredi 8 décembre, la banque annonce une série de nouveaux engagements.
Un premier pas vers le retrait des énergies les plus polluantes
Le plus symbolique est celui de son désengagement du secteur des sables bitumineux dans le monde et du pétrole en Arctique. Ces deux types de pétrole, extrêmement polluants sont en passe de devenir le nouveau charbon. Cette année, ING et BNP Paribas ont adoptée des politiques d’exclusion portant sur les projets mais aussi sur les entreprises du secteur.
Début novembre, un rapport des Amis de la Terre enjoignait ainsi les autres banques à faire de même, citant nommément Crédit Agricole, Société Générale et Natixis. Mais, l’engagement de Société Générale ne concerne que la production mais pas les activités d'exploration, de distribution, de marketing ou de trading. Pour le reste des activités pétrolières et gazières, Société Générale annonce un renforcement sa politique sectorielle.
Soutien sous conditions au pétrole et gaz
Le groupe "conditionnera son soutien aux entreprises du secteur à la mise en œuvre ou à un engagement de mise en œuvre, de mesures de limitation du brûlage en torchère continu et des émissions de méthane", ce qui est aujourd’hui un standard. Cette technique très émettrice reste en effet nécessaire pour des raisons de sécurité mais des techniques de réduction et de valorisation du gaz existent aujourd’hui.
Sur les gaz et pétrole de schiste, là encore le groupe conditionnera son soutien aux "entreprises utilisant les techniques de fracturation hydraulique" à la mise en œuvre ou à un engagement à le faire, "à de meilleures pratiques environnementales et sociales en lignes avec les règles d’or de l’AIE", l’agence internationale de l’énergie.
Ces normes ont été édictées en 2012 pour doper l'exploitation des gisements de gaz non conventionnels en limitant l'impact environnemental de ces hydrocarbures controversés... Elles incluent une "transparence complète" de la part des industriels et l'information de toutes les parties prenantes, à commencer par les autorités locales et les habitants mais aussi la minimisation des risques de secousses sismiques par un choix approprié des sites de forage, la réduction de la consommation d’eau ou encore un travail sur la conception des puits pour éviter le risque de fuites vers les nappes phréatiques.
100 milliards d’euros à la transition énergétique
Dans le versant investissement vert, Société Générale annonce une contribution "hauteur de 100 milliards d’euros au financement de la transition énergétique entre 2016 et 2020". 15 milliards seront apportés sous la forme de conseils ou de financement aux énergies renouvelables et 85 milliards par Green bonds. En 2016, le montant des financements verts de Société Générale dans les activités de financements en faveur d’entreprises du secteur privé ou public s’élevait à près de 3,12 milliards d’euros et le Groupe a financé pour 1,26 milliard d’euros les énergies renouvelables.
Enfin, le groupe rehausse son ambition de réduction de ses propres émissions en annonçant un objectif de - 25% de ses émissions de CO2 par employé à horizon 2020 par rapport à 2014 (contre 20% fixé en 2016). Depuis 5 ans, la mise en place de sa taxe carbone interne a déjà généré 95 millions d’euros d’économies, évité plus de 38 000 tonnes de CO2 et économisé 220 GWh, soit la consommation annuelle d’environ 30 000 foyers français.
Dans son récent classement des banques européennes sur le climat, l'ONG britannique ShareAction classait Société Générale 5ème derrière BNP Paribas et Crédit Agricole.
Béatrice Héraud @beatriceheraud