Publié le 25 septembre 2018
FINANCE DURABLE
Reporting climat : une sénatrice démocrate veut traduire les recommandations de la TCFD dans le droit américain
Mi-septembre, la sénatrice démocrate, Elizabeth Warren, a déposé un texte inattendu. Il obligerait les entreprises cotées à rendre public leur exposition au risque climat et les stratégies mises en œuvre pour y faire face. Un texte qui va dans le sens de ce que préconise la TCFD, la task force internationale de référence sur la publication des risques financiers liés au climat. Mais qui est loin de plaire aux Républicains, qui dirigent le Congrès…

@EdwardKimmel
Apple, ExxonMobil ou JP Morgan... Ces grandes entreprises devront-elles bientôt rendre publiquement des comptes sur les conséquences du changement climatique pour leur business model ? C’est ele sens de la proposition déposée vendredi 14 septembre par la sénatrice Elizabeth Warren, l’une des candidates possibles du parti démocrate en 2020.
Utiliser les forces du marché pour la transition
S’il venait à être adopté, le Climate Risk Disclosure Act mandaterait l’autorité des marchés financiers américain, la SEC, pour établir des règles de transparence sur les risques climatiques destinées aux sociétés cotées américaines. Celles-ci devraient publier leurs émissions de gaz à effet de serre directes et indirectes et tous les actifs liés aux énergies fossiles qu’elles détiennent ou gèrent. Elles devraient aussi préciser les effets du changement climatique sur la valorisation boursière de l’entreprise et les stratégies mises en place pour faire face aux risques physiques et de transition.
"Notre loi va utiliser les forces du marché pour accélérer la transition des énergies fossiles vers les énergies plus propres", assure Elizabeth Warren. "Le changement climatique est un danger réel et actuel. Il va avoir un énorme impact sur la valeur des actifs des entreprises. Les investisseurs ont besoin de plus d’information sur les risques climatiques pour prendre les bonnes décisions. Si nous n’agissons pas, ce sera une catastrophe mondiale bien pire que la crise financière de 2008", ajoute la sénatrice du Massachussetts.
Passer l'épreuve du Congrès
Le texte s’inscrit dans une tendance mondiale à plus de transparence sur le sujet. Il permettrait notamment de répondre aux recommandations de la TCFD. Cette task force sur la transparence financière des risques climatiques a été mise en place en 2015 à l’initiative du G20. Elle est dirigée par Michael Bloomberg, autre candidat démocrate potentiel dans la course à la Maison Blanche en 2020.
La proposition est aussi soutenue par une trentaine d’ONG (Greenpeace, Sierra Club, Natural Resources Defense council) et d’investisseurs (Trillium Asset Management, JSA Financial group ou Clean Yield Asset Management). "Cette loi est une étape nécessaire pour garantir que les parties prenantes aient accès aux informations dont ils ont besoin pour atténuer de façon adéquate les risques financiers, physiques et judiciaires liés au climat dans leurs investissements".
Il faudra cependant passer l’épreuve du vote au Congrès. Une institution dominée par les Républicains, qui contrôlent le Sénat, la Chambre des députés et la Maison blanche. Or ceux-ci sont loin de partager les vues de la démocrate. Selon Marc Morano, un des anciens députés républicains, aujourd’hui éditeur du site climatosceptique ClimateDepot.com, et interviewé par Fox News, une telle loi donnerait au gouvernement et à la SEC des pouvoirs leur permettant de poursuivre les entreprises et de "les conduire à la faillite".
Béatrice Héraud @beatriceheraud