Publié le 16 avril 2019
FINANCE DURABLE
Dans un contexte morose, les fonds durables attirent de plus en plus d’investisseurs
La finance durable continue de progresser à un rythme plus rapide que le reste du marché. L’indicateur Novethic dénombre 488 fonds responsables, dont 147 fonds thématiques. Ces derniers, qui revendiquent un impact sur la société, font le plus recette : leur encours progresse de 18 % en 2018. Mais les indicateurs d’impact sont encore très disparates et empêchent une réelle comparaison.

@jwohlfeil
L’année 2018 a été désastreuse pour les investisseurs en actions. Sauf pour le secteur de la finance durable, qui s’est révélé plus résilient et plus performant que le reste du marché. Selon le centre de recherche de Novethic, les encours de l’investissement responsable ont augmenté de 11% en 2018, tandis que ceux de la gestion d’actifs traditionnelle baissaient de 6%. Les 488 fonds d’investissement durable recensés totalisent un encours de 149 milliards d’euros en 2018.
Leur rendement a lui aussi mieux résisté à la chute du marché. "La performance moyenne des encours actions des fonds ISR (Investissement socialement responsable) était de -1% en 2018, alors que les indices boursiers classiques type CAC 40 étaient plutôt à -11%", souligne Jade Dusser Afonso, responsable des analyses de marché de Novethic. La performance moyenne du marché ISR, y compris les fonds monétaires, atteint 7%.
Forte dynamique des fonds thématiques
Au sein de l’investissement durable, les fonds ayant un thème spécifique séduisent tout particulièrement les investisseurs. Novethic recense 147 fonds thématiques en 2018, contre 114 l’année précédente. L’encours des fonds thématiques a progressé de 18%, à 36 milliards d’euros. Plus parlants pour l’investisseur, puisqu’ils portent leur thème d’investissement dans leur titre, ils affichent une performance moyenne de 3,1%. La grande majorité de ces fonds sont investis en actions (90% de l’encours) et, là encore, ils surperforment le marché global (2,4%). Parmi les fonds thématiques, le centre de recherche de Novethic distingue ceux relatifs à l’environnement, ceux relatifs au social et ceux affichant plusieurs thématiques.
Ce sont justement les fonds multi-thématiques qui ont suscité le plus d’intérêt de la part des investisseurs en 2018. Leur encours a progressé de 27,5% sur l’année, pour atteindre 8 milliards d’euros dans 49 fonds. Ils affichent par ailleurs une performance moyenne attractive, à 11,2%. Ces fonds multi-thématiques se saisissent de plus en plus des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations-Unies, profitant à plein de l’effet marketing des ces ODD et du cadre plus structuré qu’ils offrent à la finance durable. Novethic recense 18 fonds ayant fait des ODD un axe de leur stratégie en 2018, le double de l’année précédente.
Les fonds verts continuent toutefois d’emporter la majeure partie du marché des fonds thématiques (62% du total). Les 74 fonds environnementaux détiennent un encours de 23 milliards d’euros en progression de 19,3% en 2018 et un taux de collecte à 16,5%. Le marché des Green bonds, qui représente 12 % des fonds environnementaux, est particulièrement porteur du fait de sa performance largement supérieure au reste des fonds durables (18,2%).
Les fonds sociaux à la peine
Enfin, l’étude de Novethic compte 24 fonds constitués autour de thématiques sociales (santé, emploi, consommation responsable, silver economy, égalité femmes-hommes, etc.). Mais, contrairement au reste des fonds thématiques, ils peinent à attirer les investisseurs. Les 5 milliards d’euros d’encours ont baissé de 5% en 2018. Ces fonds affichent une sous-performance de -5,4 %.
La performance des fonds thématiques ne se juge toutefois pas uniquement sur le seul critère financier. Ils se distinguent des fonds ISR classiques par leur volonté d’avoir un impact positif sur l’environnement ou sur la société. La plupart ont mis en place des indicateurs de mesure de cet impact. Sans réelle concertation…
"Il y a une grande diversité d’indicateurs, qui sont difficiles à comparer. Et tous ne sont pas facilement compréhensibles", confie Jade Dusser Afonso. Certains fonds n’hésitent pas à multiplier les lignes de reporting, comme le britannique Montanaro Better World fund qui communique sur une trentaine d’indicateur. Au risque de perdre son client…
Arnaud Dumas, @ADumas5
Retrouvez l'analyse d'Anne-Catherine Husson-Traore, la directrice générale de Novethic