Depuis trois ans, Bruxelles doit prendre des mesures règlementaires strictes sur les perturbateurs endocriniens, ces produits chimiques capables de modifier le système hormonal que l’on trouve partout : les produits d’hygiène, les meubles, l’électronique, mais surtout l’alimentation.
La Commission européenne soumet aujourd’hui au vote des États membres la liste des critères qui permettent de les identifier. Dans une lettre destinée à Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, Ségolène Royal a jugé "inacceptable" la définition proposée.
Une disposition "absurde"
En cause, une phrase ajoutée à la dernière minute. Dans une formule technique, la Commission promet une dérogation pour les produits dont le mode d’action consiste à "réguler la mue et/ou la croissance des organismes nuisibles par l’intermédiaire de leur système endocrinien".
"C’est absurde, estime François Veillerette, directeur de Générations futures. À quoi peut bien rimer une législation censée interdire les perturbateurs endocriniens pesticides ou biocides… qui commence par mettre à l’abri d’une éventuelle interdiction les produits ayant justement été conçus pour être des perturbateurs endocriniens ?"
Selon l’association, cette disposition mettrait à l’abri d’une interdiction au moins 8700 tonnes de produits pesticides.
"Des critères inatteignables"
Au mois de juin déjà, la Commission européenne s’était attiré les foudres des associations. Elle proposait (et propose encore) de renforcer les preuves d’effets nocifs. "La Commission européenne a placé la barre si haut qu’il sera ardu de l’atteindre, quand bien même il existe des preuves scientifiques de dommages", estimait l’Endocrine Society. Plus les preuves sont compliquées à fournir, plus le nombre de perturbateurs endocriniens pouvant être interdits sur le marché s’amenuise.
Des arguments sur lesquels pourra s’appuyer la France lors du vote. En l’état, la ministre de l’Environnement votera contre, a indiqué un membre de son cabinet à l’AFP.