Publié le 15 mars 2017
ENVIRONNEMENT
Le glyphosate n’est pas cancérogène, dit l’Agence européenne des produits chimiques
L’ECHA, l’Agence européenne des produits chimiques, a tranché : le glyphosate ne peut pas être classé comme substance cancérogène. Un avis qu’attendait la Commission européenne pour proposer, une nouvelle fois, une réglementation aux États membres.

John Thys / AFP
C’est un coup dur pour les ONG environnementales. L’ECHA, l’Agence européenne des produits chimiques, a publié aujourd’hui son avis sur le glyphosate. Elle estime que l’herbicide le plus vendu en Europe, présent notamment dans le Roundup de Monsanto, n’est pas cancérogène.
"Le comité d’évaluation des risques (CCR) a conclu que les preuves scientifiques disponibles ne répondaient pas aux critères de classement du glyphosate comme cancérogène, mutagène ou toxique pour la reproduction", écrit l’ECHA dans son communiqué.
Une classification "incompréhensible"
Une surprise pour l’association Générations futures, qui s’attendait à ce que le glyphosate soit au moins classé comme substance cancérogène possible, autrement dit comme "agent pouvant être cancérogène".
Le CIRC, Centre international de recherche sur le cancer, l’a classé comme substance cancérogène probable, dernier échelon avant la qualification de "cancérogène certain".
"Cette classification de l’ECHA est totalement incompréhensible, réagit François Veillerette, porte-parole de l’association. Le CIRC a montré clairement qu’au moins sept études pointent une incidence accrue de certains cancers chez des animaux de laboratoire exposés au glyphosate."
Une référence pour la Commission européenne
Avec une soixantaine d’ONG, Générations futures reprochait la semaine dernière à l’ECHA de fonder en partie son expertise du glyphosate sur des études fournies par les industriels producteurs de l’herbicide. L’association dénonçait également des conflits d’intérêts de plusieurs membres du CCR de l’Agence européenne des produits chimiques.
Mais au fond, que changent les conclusions de l’ECHA ?
Concrètement, la Commission européenne a décidé, en juin 2016, de prolonger de 18 mois l’autorisation de vente du glyphosate en Europe, en attendant l’évaluation du produit par l’Agence européenne. Une décision qui n’avait pas été validée par les États membres, faute de majorité qualifiée.
La Commission européenne va donc faire une nouvelle proposition dans les mois qui viennent, basée sur l’avis de l’ECHA. "Cela va lui donner du poids", regrette François Veillerette.