Publié le 17 avril 2019
ENVIRONNEMENT
L’île Maurice, un laboratoire pour tester une reconversion durable de l’économie locale
Il y a quelques années, l’île Maurice était qualifiée de "miracle économique". Aujourd’hui pourtant l’île recherche un nouveau souffle pour que ses habitants puissent pleinement en profiter. En tant qu’acteur financier historique du pays, la banque MCB estime de sa responsabilité de redynamiser l’économie locale en pariant sur le développement durable.

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C’est un petit bout de territoire dans l’océan indien. Il y a quarante ans, peu de gens pariait sur l’île Maurice. Et puis, en quelques années, elle a bénéficié d’un "miracle économique", selon les mots du prix Nobel d’Économie, Joseph Stiglitz. Aujourd’hui pourtant, si le pays a toujours une forte croissance économique, il ne garde pas suffisamment ses richesses à l’intérieur de ses frontières. Selon le cabinet Utopies qui a réalisé une étude à la demande de la banque MCBgroup, l’effet multiplicateur, qui correspond à la capacité d’un revenu qui entre dans un territoire à y circuler durablement et à irriguer son économie, est en baisse tendancielle de 25% depuis 10 ans.
"Le territoire fonctionne un peu comme un sceau percé, qui n’arrive pas à garder les richesses qui y entrent et à en faire profiter son économie locale", souligne Arnaud Florentin, directeur associé chez Utopies. Pour la banque MCB, un acteur historique de l’île, il faut alors réagir. "Nous considérons qu’il est de notre responsabilité de trouver les moyens pour que l’île et ses habitants continuent de profiter des richesses qu’elle produit. Sans forcément viser l’autonomie qui sera de toute façon difficile sur un petit territoire comme le nôtre, l’idée est que la mondialisation profite à notre économie locale", assure Raoul Gufflet, deputy chief executive de MCB Ltd.
Économie circulaire, digitalisation et fab labs
L’étude commandée à Utopies met l’accent sur le développement d’une économie durable basée sur trois piliers : les technologies de pointe avec Fab labs et incubateurs de startups, l’économie circulaire et la digitalisation. C’est sur cette base que la banque a lancé un appel à projets aux entreprises locales. "Nous assureront un financement à des conditions avantageuses aux entreprises qui intègrent ces dimensions et profitent à l’économie locale", assure Raoul Gufflet qui précise avoir été submergé de demandes. Il sera ensuite important de mesurer l’impact de cela en termes de retours sur l’économie locale.
L’initiative pourrait faire des émules. "Une île est comme une planète miniature, c’est un très bon territoire d’expérimentation pour le développement durable", rappelle ainsi Elisabeth Laville, la directrice d’Utopies. Les résultats seront donc scrutés pour répliquer l’exercice sur d’autres territoires. "Le développement économique durable des territoires est devenu un axe d’action sur lequel les entreprises et acteurs financiers se sentent de plus en plus légitimes, dans une logique d’impact", souligne Arnaud Florentin. C’est dans cette logique par exemple que le Crédit Agricole travaille sur le développement de la filière mer avec des acteurs de secteurs aussi différents que ceux de la pêche ou de la thalassothérapie dans le Finistère.
Béatrice Héraud @beatriceheraud