Publié le 23 octobre 2017
ENVIRONNEMENT
En France, la moitié des cours d'eau est polluée aux pesticides et aux nitrates, selon l'UFC-Que Choisir
C'est un "S.Eau.S" que lance l'UFC-Que Choisir dans son nouveau rapport. L'association dénonce l'augmentation du nombre de cours d'eau et de nappes phréatiques contaminées par les pesticides et les nitrates. En cause, l'agriculture intensive qui a augmenté l'usage de ces produits de 18 % en 5 ans. À l'arrivée, c'est le consommateur qui paye la grande majorité du coût de dépollution.

C'est un bilan "calamiteux" que dresse l'UFC Que Choisir dans son nouveau rapport dédié à la qualité de l'eau. Et pour cause, "dans la moitié du territoire français les pesticides sont présents dans les cours d'eau à des doses supérieures à la norme autorisée", indique le rapport. Et la contamination est profonde, elle touche également 31 % des nappes souterraines.
C'est pire du côté des nitrates. "La proportion des nappes phréatiques fortement contaminées au nitrate a augmenté de moitié entre 1996 et le début des années 2010, avec comme conséquence que 43 % des nappes dépassent désormais la valeur guide européenne", pointe le rapport. Bilan : l'eau naturellement potable est de plus en plus rare dans l'Hexagone.
Les pesticides responsables à 70 % de la pollution de l'eau
La faute à l'agriculture intensive selon l'union de consommateurs. 70 % de la pollution aquatique est due aux pesticides et 75 % aux nitrates. Et cela ne va pas en s'arrangeant. Malgré le plan Ecophyto, qui a pour objectif de réduire de moitié l'usage des pesticides d'ici 2025, leur utilisation a augmenté de 18 % en 5 ans. En conséquence de quoi, les coûts de dépollution ont explosé.
"96 % des consommateurs boivent une eau de très bonne qualité mais au prix d'une coûteuse dépollution. Un surcoût dû aux pratiques agricoles en France estimé entre 640 et 1 140 millions d'euros par an", note l'association. Un non-sens puisque la prévention coûte trois fois moins cher que la dépollution, ajoute l'UFC Que Choisir.
Le consommateur paye l'addition
Le consommateur prend en charge 88 % de la redevance pollution contre 5 % pour l'industrie et 7 % pour l'agriculture. Dans le même temps, ces premiers n'utilisent que 24 % de l'eau contre 48 % pour l'agriculture, 22 % pour l'énergie et 6 % pour l'industrie. Pour dénoncer cette mise à mal du principe du pollueur-payeur, l'UFC Que Choisir lance d'une pétition.
Un risque coûteux pour les entreprises
Les entreprises paient aussi les conséquences de ces pollutions. En 2016, les pertes de production liées à l'eau ont atteint 14 milliards de dollars. Elles ont concerné 1 432 entreprises qui publient leurs données auprès du CDP, organisation réunissant investisseurs et entreprises. En Inde, où les effets du changement climatique sont déjà une réalité, les entreprises appellent le gouvernement à s'engager pleinement dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Quelques leaders se détachent grâce à leur politique innovante de gestion de l'eau. Surtout les "entreprises européennes qui sont à l'avant-garde", souligne Morgan Gillespy, responsable du programme Eau du CDP, "mais beaucoup reste à faire".
Marina Fabre @fabre_marina