Publié le 31 août 2020
ENVIRONNEMENT
En s’emparant de Suez, Veolia veut bâtir l’entreprise du "monde d’après"
Le marché des services à l’environnement - déchets, traitement de l’eau, dépollution des sols, stockage du carbone…- est vaste. Il est adressé par de très nombreux acteurs. Pour être incontournable du secteur, il faut peser lourd. C’est ce que propose de faire Veolia en lançant une offre d’achat sur son principal concurrent Suez. De quoi s’emparer de 5 % du marché.

@VeoliaLibrary
Cela fait des années qu’une telle opération était attendue dans le paysage industriel français. La réunion de deux mastodontes industriels de l’eau et des déchets : Veolia et Suez. Les deux entreprises réalisent un chiffre d’affaires cumulé de 45 milliards de dollars. Leur réunion pourrait prendre jusqu’à 5 % du marché des services à l’environnement. C’est pourquoi le PDG de Veolia, Antoine Frérot, a remis, dimanche 30 août, à Engie, grand actionnaire de Suez, une offre ferme à 2,9 milliards d'euros, portant sur l'essentiel de sa participation.
Une très belle offre alors que la valeur de l’action de Suez a reculé ces derniers mois. De quoi satisfaire Engie, qui est vendeur, et les actionnaires. Elle concerne 29,9 % de Suez, dont Engie détient au total 32 %. Si cette transaction aboutit, Veolia a l'intention de déposer par la suite une offre publique d'achat pour le reste des actions. "Cette opportunité historique permettra de construire le super champion mondial français de la transformation écologique", a commenté Antoine Frérot, le PDG de Veolia.
L’État favorable
Suez assure qu’aucune discussion n’est encore engagée, tandis qu’Engie répond qu'il va "étudier la proposition dans les prochaines semaines" et "privilégiera la solution la plus attractive pour ses actionnaires, dans le respect des parties prenantes et après prise en considération de la qualité du projet industriel", selon son communiqué. Difficile d’imaginer toutefois qu’une meilleure offre voit le jour, d’autant plus que l’État actionnaire se réjouit de voir les compétences de Suez demeurer dans le giron tricolore, plutôt que d’être racheter par un géant chinois. Une priorité à l’heure où le Premier ministre met la souveraineté industrielle au sommet du plan de relance.
La création de ce géant va dans le sens de l’histoire tant les besoins sont importants en matière de déchets et d’eau. "Nous créons le groupe pour le monde d'après", assure Antoine Frérot. "Les deux entreprises similaires par la nationalité, la culture et le savoir-faire, sont aussi complémentaires dans le traitement et la distribution de l’eau, la collecte et la valorisation des déchets, notamment dangereux et toxiques, le recyclage des plastiques, la dépollution des sols, la qualité de l’air et l’optimisation des consommations d’énergie", justifie Veolia dans un communiqué.
Ludovic Dupin avec AFP