Publié le 03 juin 2019

ENVIRONNEMENT

Comme la Chine, la Malaisie ne veut plus être la décharge du monde et renvoie ses déchets plastiques à l’envoyeur

Depuis que la Chine a fermé ses portes à l'importation de déchets plastiques, les pays occidentaux se dirigent vers les États d'Asie du Sud Est, qui croulent sous les tonnes de poubelles. Les conséquences environnementales sont telles que la Malaisie a prévenu ces pays qu'elle allait leur renvoyer les tonnes de déchets plastiques arrivés illégalement sur leur territoire. Et leur a rappelé que ses concitoyens avaient aussi le droit de respirer un air pur. 

Cette photo prise le 8 mars 2019 montre des déchets plastique dans une usine abandonnée de Jenjarom, en périphérie de Kuala Lumpur.
Mohd RASFAN / AFP

Les pays asiatiques ne veulent plus être la décharge des pays occidentaux. En 2018, la Chine avait mis fin à l’importation des déchets plastiques sur son territoire, jusqu’alors première destination mondiale du recyclage. Face à cette situation inédite, les pays industrialisés ont redirigé leurs déchets vers d’autres pays d’Asie du Sud-Est. Mais, eux aussi, tapent du poing sur la table. "Nous exhortons les pays développés à cesser d’expédier leurs déchets dans notre pays. Nous les retournerons sans pitié à leur pays d’origine", a prévenu Yeo Bee Yin, ministre malaisienne de l’Environnement.

Selon Greenpeace, l’importation en Malaisie de déchets plastiques est passée en 2016 de 168 500 tonnes à 456 000 au premier semestre 2018, majoritairement en provenance du Royaume-Uni, d’Allemagne, d’Espagne, de France, d’Australie et des États-Unis. Selon les chiffres officiels, les déchets importés atteindraient désormais 870 000 tonnes par an.

Retour à l'envoyeur

Pour répondre à la demande, des usines de retraitement de plastique ont poussé comme des champignons dans le pays, parfois sans permis de construction et sans respecter les normes environnementales. Et la Malaisie n’est pas le seul pays touché. En 2018, comme le rapporte The Guardian, des militants indonésiens ont découvert que des déchets importés illégalement servaient notamment de combustible dans une usine de tofu.

Dans ces conditions, Yeo Bee Yin, qui qualifie de "traîtres" les personnes impliquées dans cette filière illégale, a annoncé, mardi 28 mai, le renvoie de 3 000 tonnes de déchets plastiques importés illégalement en provenance notamment du Royaume-Uni et de la France, indique The Borneo Post. 100 tonnes de déchets ne pouvant pas être recyclés car trop contaminés vont également être renvoyés en Australie. Il s’agissait notamment de bouteilles en plastique rempli d’asticots, a souligné la ministre de l’Environnement. 

L'Afrique, nouvelle décharge des pays développés ? 

"La Malaisie, comme tout autre pays en développement, a le droit de vivre dans de l’air pur, de l’eau, des ressources durables et un environnement propre", a déclaré la ministre de l’Environnement. Un rapport de l’Alliance mondiale pour les solutions de remplacements des incinérateurs (GAIA) estime que l’incinération illégale de plastique non recyclable a pollué l’air et les eaux souterraines de ces pays. Par ailleurs, la libération de produits chimiques entraîne des complications du système immunitaire et des cancers chez les habitants. 

Reste aux pays développés de trouver des solutions pour ne plus exporter leurs déchets plastiques, que ce soit en Asie du Sud-Est ou ailleurs. Car si la Malaisie, les Philippines ou la Chine ont décidé de prendre des mesures pour limiter leur importation, la France, le Royaume-Uni ou encore les États-Unis devraient trouver une nouvelle destination, qui pourrait bien être l’Afrique. Le continent croule déjà sous les déchets électroniques importés illégalement dont les composants sont, pour certains, dangereux.

Marina Fabre, @fabre_marina


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