Publié le 18 juillet 2020
ENVIRONNEMENT
[Sciences] D’ici 50 ans, un tiers de l’humanité pourrait vivre dans des zones désertiques, quasi invivables
Si nous n’agissons pas contre le changement climatique, près de 20 % de la terre pourrait devenir difficilement vivable, avec des températures avoisinant celles constatées actuellement dans le Sahara. Près de 3,5 milliards de personnes pourraient se retrouver dans ces zones, principalement situées dans les pays en développement comme l’Inde, le Nigeria mais aussi la Guyane.

@CCO
Dans quelles conditions vivrons-nous d’ici 50 ans ? La perspective fournie par cinq universitaires américains, européens et chinois qui viennent de publier une étude dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), fait froid dans le dos.
Selon eux, sans action climatique majeure, d’ici 2070, la moitié de l’humanité, soit 3,5 milliards de personnes pourraient vivre dans des zones aussi chaudes et sèches -voire plus- que le Sahara. Les zones désertiques, qui comptent aujourd’hui pour moins de 1% de la surface terrestre, pourraient alors représenter 20 % de la planète. Or ces futurs déserts sont aujourd'hui densément peuplés : on y trouve l’Inde, le Nigeria, les Philippines….
La situation s'aggrave aussi pour les autres régions du monde. Aujourd’hui, la majeure partie de la population et des animaux d’élevage vivent dans des "niches climatiques" où la température annuelle moyenne oscille entre 11 et 15°C. Mais ces régions tempérées vont voir leur thermomètre grimper de 3 à 4,5°C d’ici 50 ans si l’on se base sur le scénario "business as usual" du GIEC, c’est-à-dire celui où l’on ne change rien à nos modes de vie actuels. C’est à peu près l’équivalent de l’Afrique du Nord, de certaines parties du sud de la Chine et des régions méditerranéennes.
Dans certaines parties du monde, le réchauffement pourrait atteindre 7,5°C, transformant ces territoires en zones "quasi invivables", selon l’un des co-auteurs, Jens-Christian Svenning. Or, en l’absence de migrations, celles-ci concentreraient la majorité de la population estiment les chercheurs.
Des impacts qui peuvent encore être réduits
L’étude se base sur les scénarios les plus risqués mais pas forcément les plus plausibles, selon la paléontologue Valérie Masson-Delmotte interrogée par le Monde. Elle pose néanmoins plusieurs questions clés. Celle de la migration qui peut avoir "des effets bénéfiques sur les sociétés, notamment une stimulation de la recherche et de l'innovation", mais qui "à plus grande échelle, provoque inévitablement des tensions", préviennent les auteurs. Et celle, surtout, de l’adaptabilité. "Cela pose des questions sur les limites physiologiques humaines ou encore la capacité à sélectionner, adapter et transformer les cultures vivrières suffisamment vite", estime ainsi Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du groupe 1 du GIEC.
Le pire n’est pas forcément certain, rassurent les auteurs de l’étude. Le nombre de personnes soumises à des conditions extrêmes passerait de 3,5 milliards à 1,5 milliard si le réchauffement était limité à 2 °C, et à 1 milliard dans un scénario socio-économique soutenable faisant plus de place à l’accès à l’éducation, à la santé, etc. De quoi pousser à l’action.
Béatrice Héraud, @beatriceheraud