Publié le 01 juillet 2015
ENVIRONNEMENT
Ronan Dantec : "Il y a enfin une prise de conscience du rôle des collectivités sur le climat"
Longtemps écartées des négociations climatiques, les collectivités territoriales y prennent de plus en plus de place, même si elles n’y ont pas un statut de négociateur officiel. C’est dans ce cadre qu’elles organisent un sommet mondial Climat et territoires cette semaine à Lyon, en amont de la grande Conférence de décembre sur le climat à Paris (COP 21). À la tête du comité de pilotage, Ronan Dantec. Le sénateur EELV de Loire-Atlantique, porte-parole climat de Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU), se bat depuis des années pour faire reconnaître l’action territoriale dans la lutte contre le changement climatique.

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Novethic : Comment l’action des collectivités a-t-elle réussi à s’imposer face aux États, seuls acteurs officiels des négociations climat ?
Ronan Dantec : Cela a été un travail de longue haleine pour faire comprendre que, sans l’action territoriale, on ne pourrait pas rester en-dessous des 2 degrés de réchauffement global d’ici 2100. Il fallait arrêter de faire comme si on n’existait pas !
Dans le protocole de Kyoto, il n’y avait pas un mot sur les collectivités territoriales. Il a fallu attendre la conférence de Cancun, en 2010, pour qu’il y ait quelques mots en préambule. À Lima (2014), on a beaucoup progressé avec la mise en place d’un "Agenda des solutions" [qui regroupe les engagements des villes, des régions, des entreprises, NDLR] en tant que quatrième pilier de l’Accord de Paris. C’est une vraie révolution.
Cela montre qu’il y a une prise de conscience. Sans les collectivités, les citoyens et les entreprises, nous n’y arriverons pas. À Paris, en décembre, nous veillerons à ce que nous ne soyons pas oubliés du texte des négociations. C’est notamment le sens de la déclaration qui doit sortir du sommet Climat et territoires de Lyon.
Novethic : L’un des enjeux pour développer l’action territoriale est l’accès au financement. Quelles sont vos propositions ?
Ronan Dantec : L’enjeu est d’améliorer l’accès au financement pour les villes du Sud. C’est l’un des messages forts que nous porterons à Lyon. L’argent mobilisé sur le climat doit aller aux territoires du Sud dans le cadre de leurs politiques de développement.
En France, avant de demander plus d’argent, nous avons déjà une palette d’outils à notre disposition, dont nous devons nous saisir. Il y a eu des annonces fortes, notamment sur des prêts à taux réduit, des éco-prêts… Il faut que l’on apprivoise ces dispositifs, qu’on les évalue et qu’on les généralise quand ils fonctionnent.
Par ailleurs, je suis persuadé que le marché carbone européen va finir par repartir, quand on voit que des pays comme la Chine l’expérimentent. Cela permettra aussi de continuer à financer l’efficacité énergétique dans les territoires.
Novethic : Justement, comment la loi sur la transition énergétique, réexaminée au Sénat, peut soutenir et accélérer l’action des territoires sur le climat ?
Ronan Dantec : Elle va donner aux territoires de vraies capacités d’action. Dans leur nouvelle version, les PCET (plans climat énergie territoriaux) vont forcer les collectivités à s’engager sur la réduction d’émissions de CO2. Tous les territoires devront donc avoir un objectif en accord avec les objectifs européens (- 40% d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030).
Cela va entraîner une dynamique globale intéressante, où chacun prendra ses responsabilités et sera aidé par les États. En ce sens, la loi de transition énergétique est une bonne loi.