Publié le 01 juillet 2020

ENVIRONNEMENT

Pollution numérique : les sénateurs préconisent l’interdiction des forfaits mobiles illimités

Alors que le secteur du numérique pourrait générer autant d'émissions de gaz à effet de serre que le transport aérien en 2040, les sénateurs ont émis 25 propositions pour limiter l'empreinte carbone du secteur. Parmi elles, l'interdiction des données mobiles illimitées pour pousser les usagers à utiliser une connexion Wifi plutôt que mobile, très énergivore. Ils préconisent également de taxer les plus grosses plateformes de streaming vidéo comme Netflix. 

Pollution numerique smartphone
Les sénateurs ont émis 25 propositions pour réduire l'impact du numérique.
CC0

C’est un rapport de plusieurs centaines de pages que vient de publier le Sénat sur l’empreinte environnementale du numérique et qui pourrait heurter les plus geek d’entre nous. Les parlementaires ont en effet émis 25 propositions visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur qui pourrait, dès 2040, dépasser celles du transport aérien. Le numérique représente 2 % des émissions de la France aujourd’hui et pourrait, avec une croissance de 60 % en 20 ans, atteindre 6,7 % des émissions en 2040.

Pour limiter cette empreinte, les sénateurs préconisent notamment d’interdire les forfaits de donnés mobiles illimités. "L'existence de forfaits avec données mobiles illimitées affaiblit naturellement la portée des incitations à utiliser le réseau fixe, plutôt que le réseau mobile, pour se connecter", expliquent-ils. "Si peu d'opérateurs proposent aujourd'hui ce type d'offres en 4G, elles pourraient être amenées à se généraliser avec le développement de la 5G. Leur interdiction aurait ainsi un caractère préventif", ajoutent-ils. 

Le streaming vidéo : 60 % du trafic internet mondial

L’enjeu est donc de réguler l’offre des forfaits téléphoniques pour pousser les utilisateurs à privilégier une connexion Wifi plutôt qu’une connexion mobile. Une mesure qui pourrait bien faire grincer des dents les citoyens qui ont un fort usage de cette pratique. Reste que les plates-formes de streaming comme Netflix, sont aussi appelés à prendre leur responsabilité.

Les Parlementaires recommandent ainsi d’introduire une taxe sur les plus gros émetteurs de donnés afin "d’inciter à une injection plus raisonnable de données sur le réseau". Il faut dire qu’aujourd’hui le streaming vidéo est particulièrement énergivore, il représente plus de 60 % du trafic internet mondial contre 8 % pour les jeux vidéo par exemple ou 6 % pour les réseaux sociaux. 

Des data centers très polluants à l'étranger

D’autant que les géants américains hébergent leurs data centers aux États-Unis et "consomment une électricité bien plus carbonée que l’économie française", notent les sénateurs. "Le streaming vidéo provoque donc un phénomène de fuites carbone"correspondant à une augmentation des émissions étrangères de gaz à effet de serre imputable à la consommation domestique de vidéos. 53 % des émissions de gaz à effet de serre dues à l'utilisation de data centers ont ainsi été produites à l'étranger".

Reste que le plus gros levier de transition est celui impliquant les terminaux, qui, selon les parlementaires, seraient responsables de 81 % des émissions du secteur. "La réduction de l'empreinte carbone du numérique en France devra tout particulièrement passer par une limitation du renouvellement des terminaux, alors que la durée de vie d'un smartphone est aujourd'hui de 23 mois", explique le rapport. Les Sages proposent ainsi d'encourager l'achat de terminaux reconditionnés grâce à une taxe carbone européenne, ou en appliquant une TVA à 5,5 % sur la réparation de terminaux ou l'acquisition d'appareils de seconde main. 

Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP


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