Publié le 19 octobre 2018
ENVIRONNEMENT
Low-Tech : repenser l'innovation pour sauver la planète
Pour sauver la planète, faut-il retourner à la bougie ? Non, mais il faut se tourner vers les low-techs, prévient la Fabrique écologique dans une nouvelle étude. Selon ce concept, les innovations technologiques, culturelles ou sociales, doivent être plus sobres et résilientes, là où certaines high-techs sont parfois dispendieuses de ressources.

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Le 8 octobre, le groupe d’experts de l’ONU sur le climat, le GIEC, a tiré la sonnette d’alarme. Si nous ne repensons pas drastiquement notre trajectoire, une augmentation du mercure de 1,5 °C pourrait arriver bien plus tôt que prévu, dès 2030. Selon la Fabrique écologique, une des réponses pourrait provenir des low-techs, littéralement des "technologies faibles".
Il ne s’agit pas de "retourner à la bougie ou à l’âge des cavernes", prévient le think tank. Mais il s'agit de "repenser l’innovation, de l’orienter vers l’économie de ressources, de préserver et restaurer les écosystèmes, et de la rendre accessible au plus grand nombre".
Des technologies moins gourmandes, plus simples
Trois questions résument ce concept : Est-ce utile ? Est-ce soutenable écologiquement et humainement ? Est-ce résilient, autonome et agile ? Prenons l’exemple d’un bâtiment low-tech. Même avant la construction, il s’agit de voir si on ne peut pas réhabiliter un bâtiment existant, quitte à le transformer, avant d’en construire un nouveau.
Pour rendre un aspirateur low-tech, on peut travailler sur les matières premières et prendre exemple sur l’Increvable, cette machine à laver entièrement réparable et conçu pour durer 50 ans. Mais aussi mutualiser l’appareil avec des voisins. Car les low-techs ne sont pas uniquement des innovations technologiques sobres et résilientes, c’est aussi revoir ses pratiques.
"L’innovation technologique, ce n'est pas la solution miracle"
"On peut faire des low-tech sans le savoir", explique Philippe Bihouix, ingénieur spécialiste des ressources minières. "Le zéro déchet, la réparabilité, les circuits courts… ont une génétique commune qui est de réfléchir à nos besoins et de tendre vers la sobriété. On surestime l’innovation technologique alors qu’elle peut aussi être culturelle ou sociale. Il ne faut pas tout miser sur les high-techs, ce n’est pas la solution miracle", souligne l’auteur de L’âge des low-techs.
C’est déjà ce qu’estimait Marc Mousli, professeur au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) dans un rapport sur l’innovation en 2010. "C’est un travers récurrent de laisser croire que tous les problèmes de nos sociétés peuvent être résolus par la technologie. La technologie c’est important mais pas essentiel", racontait-il alors à l’Usine Nouvelle. "20 % des innovations actuelles ont une origine technique. Les autres sont plus souvent de nature sociale, organisationnelle, commerciale, marketing ou financière. Il faut pousser encore plus loin cette logique", soulignait-il dans son rapport.
Aujourd’hui, entre les ressourceries, le RepairCafé ou les tuto de DIY (Do It Yourself), la tendance low-tech semble prendre une vraie ampleur. Mais la Fabrique écologique le reconnaît, "les low-techs ne peuvent pas couvrir l’ensemble des besoins actuels de nos sociétés".
Marina Fabre @fabre_marina