Publié le 01 mai 2020
ENVIRONNEMENT
Justice climatique et sociale : les militants se mobilisent en ligne et préparent l'après-confinement
Ce vendredi 1er mai, pas de cortèges dans les rues, mais du monde attendu aux fenêtres, aux balcons et sur les réseaux sociaux. 25 organisations syndicales et environnementales appellent à se mobiliser sous la bannière "Plus jamais ça" afin d'imaginer le monde d'après. Les militants ont profité du confinement pour préparer la sortie du confinement alors que les services de renseignement craignent une explosion sociale.

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Pour la première fois, les Français ne pourront pas célébrer la fête du Travail en défilant dans les traditionnels cortèges du 1er mai. "Mais la pandémie de coronavirus ne doit pas pour autant être une raison pour ne pas se mobiliser", indiquent les syndicats. Dans une déclaration commune, 25 organisations associatives, écologistes et syndicales appellent ainsi à se mobiliser en ligne, sous la bannière "Plus jamais ça".
"Même confinés, manifestons toutes et tous le 1er mai, depuis chez soi, avec des pancartes, banderoles ou en envahissant les réseaux sociaux. Rendons visibles, exprimons ce que nous voulons en France comme ailleurs : un changement de cap, pour un futur écologique, social, féministe et démocratique !", expliquent-elles. Chacun est invité à écrire sur une banderole ce qu’il veut pour "Le Jour d’Après", de se photographier et de poster son message sur les réseaux sociaux avec les hashtags #PourLeJourDApres et #PlusQueJamaisLe1ermai.
Formation, réorganisation interne, live
"À midi, la chanson Bella Ciao sera entonnée aux fenêtres en l’honneur des travailleurs en première ligne pendant cette crise sanitaire, dont les emplois habituellement peu valorisés apparaissent comme nécessaires en temps de crise", explique Alternatiba. "On espère que cette crise va provoquer le sursaut pour accélérer la prise de conscience. Mais elle peut aussi favoriser le repli sur soi. C’est pourquoi il est important d’avoir une parole forte sur l’autre voie possible", précise Pauline Boyer, porte-parole de l’ONG.
Depuis le début du confinement, l'organisation n’a pas chômé. Elle a mis en place une plateforme en ligne de formation, baptisée Bouffée d'R pour coordonner des actions et organiser des tables rondes. "L’objectif est de se renforcer pour l’après et monter en compétences dans tous les domaines", explique la jeune femme. Des camps climat régionaux à petite échelle pourraient également se tenir cet été.
Du côté de Youth for Climate France, cette période a été mise à profit pour "améliorer notre fonctionnement en interne", explique Mathys. "On a plus de temps de cerveau disponible", s'amuse-t-il. Il concède qu’il y a tout de même eu "une petite perte de dynamique en interne et une certaine démotivation pour ceux qui s’étaient beaucoup impliqués" pour l'organisation de la grève mondiale du 13 mars, annulée en raison du Covid-19. Les militants climat ont pu se rattraper le 24 avril avec une grève mondiale en ligne de 24 heures, des webinaires et des performances diffusées sur Youtube.
Explosion sociale
Chez Extinction Rebellion France, on cherche aussi des moyens d’action en respectant les consignes de distanciation sociale. "On va faire jouer à plein notre réseau avec des petites actions simultanées à différents endroits", raconte Franck. "Notre impératif sera de construire un arc narratif pour qu’il y ait une continuité entre les actions dans le temps en ouvrant largement au-delà des sujets climat et biodiversité pour mobilier un maximum de gens."
D’après une note des services de renseignement publiées le 7 avril, plusieurs appels à manifester auraient été lancés pour la sortie du confinement faisant craindre une explosion sociale. "La sortie de crise passera inévitablement par un rendez-vous de contestation sur la voie publique, afin de dénoncer les manquements de l’État et l’absence de réelles politiques sociales", alertent-ils au sujet des actions syndicales à venir, voire d'exaction de groupuscules extrémistes. D'ailleurs, certains groupes défendent l’idée de "transversalité des luttes", avec la présence de "Gilets jaunes et de blouses blanches" dans les cortèges.
Lors des précédentes grèves ou marches pour le climat, des rapprochements avaient déjà été observés entre Gilets jaunes et militants pour le climat, auxquels pourraient donc s’ajouter les blouses blanches et les travailleurs précaires. Juste avant le confinement, une action pour dénoncer la politique d'Emmanuel Macron avait ainsi réuni des militants climat, des Gilets jaunes, des personnels hospitaliers du Collectif Inter-Urgences, des associations de droit au logement et la Confédération paysanne.
Concepcion Alvarez, @conce1