Publié le 09 octobre 2019
ENVIRONNEMENT
[Génération climat] Former les enseignants aux enjeux écologiques pour créer des écocitoyens éclairés, une nécessité
Comment sensibiliser les enfants aux enjeux écologiques mais aussi répondre aux inquiétudes des élèves angoissés par les scénarios catastrophes sur le climat ? Plusieurs enseignants réunis sous le collectif Profs en Transition réclament une formation du corps éducatif en primaire, collège et lycée. Si la généralisation des écodélégués établie par le ministère de l'Education est saluée, elle ne suffira pas à former des écocitoyens éclairés. Cinquième numéro de notre série dédiée à la mobilisation de la jeunesse sur le climat.

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Après le Réveil écologique des étudiants, l’appel des universitaires et directeurs d’établissement du supérieur à intégrer les enjeux écologiques et climatiques dans les formations… est-ce au tour des enseignants du primaire et secondaire de lancer un cri d’alerte ? En septembre, le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer avait défini le "défi environnemental" comme l’une des trois priorités de l’année scolaire 2019-2020. Il avait annoncé, entre autres, la généralisation des écodélégués.
Ces élèves, élus par leurs camarades, ont pour mission de développer des initiatives écoresponsables dans leurs établissements, de montrer l’exemple, de sensibiliser aux enjeux écologiques… Ce sont en quelque sorte des ambassadeurs du climat. "C’est valorisant de pouvoir organiser des choses concrètes comme la création d’un potager. Et puis s’engager, c’est formateur pour l’avenir", explique Noémie, écolodéléguée dans une classe de première.
Une pédagogie orientée sur l'action pour rendre les défis environnementaux plus concrets
"Toutes mesures qui nous permettent d’avancer vers un objectif de transition juste et environnemental sont bonnes à prendre", avance Fred, cofondateur du collectif Profs en Transition qui réunit plus de 17 000 acteurs de l’enseignement. Avec ses collègues, Fred a pour objectif de créer des contenus plus responsables et solidaires afin de former des écocitoyens éclairés et résilients. Cet enseignant a ainsi mis en place des ramassages de mégots autour d’un stade, a favorisé les fournitures scolaires écoresponsables en impliquant les élèves…
"À partir de 7-8 ans, ce qui est le plus efficace ce sont les problématiques autour des déchets, de la pollution, de la surconsommation… parce que c’est concret. Les enjeux climatiques et de biodiversité sont des sujets déjà complexes pour les adultes, alors pour les enfants... ", plaide Fred. D’où cette demande, récurrente, de formation des enseignants à ces enjeux. Une nécessité pour répondre au besoin des enfants, de plus en plus inquiets par les discours catastrophistes ambiants.
Former les enseignants pour répondre à l'inquiétude des élèves
"Un jour, une de mes élèves est venue me voir, en pleurant, parce qu’elle avait entendu dire qu’en 2050, nous serions tous morts", explique Neila, professeure des écoles vers Lyon, "j’ai dû la rassurer, lui expliquer avec des mots simples, le dérèglement climatique, mais je n’ai pu m’appuyer sur aucune ressource pédagogique. Je me suis autoformée". Au-delà de la nécessité de formation de ces enseignants, le cofondateur de Profs en Transition réclame un "parcours climat" qui permettrait aux élèves de valider ces acquis au fur et à mesure de son évolution dans le cursus scolaire.
Reste que tous les professeurs ne semblent pas aussi impliqués. En région parisienne, Sarah témoigne : "Clairement on n’a pas le temps pour ces questions d’écodélégués. On est en train de subir une réforme que nous n’acceptons pas. Il y a des questions plus prioritaires que d’autres", tacle-t-elle. D’autant que la semaine du climat dans les écoles, qui a lieu en ce moment et jusqu’au 13 octobre ne rencontre pas un écho particulier. En pleine semaine du goût, événement très ancré dans les écoles, il fallait s'y attendre.
Marina Fabre, @fabre_marina