Publié le 11 juin 2023
ENVIRONNEMENT
El Niño, l’enfant maudit du climat, est bel et bien arrivé et fait déjà craindre le pire
El Niño est officiellement de retour. C’est ce qu’a annoncé ce jeudi 8 juin l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA). Une nouvelle qui inquiète les scientifiques, car ce phénomène vient s'ajouter au changement climatique et pourrait conduire à de nouveaux records de température.

@ redcharlie via Unsplash
Il est bel et bien arrivé. L’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) a officialisé ce jeudi 8 juin le début d’El Niño, sept ans après le dernier épisode. Et son retour n’est pas une bonne nouvelle, puisqu’il se traduit généralement par une élévation des températures globales et de la fréquence d’événements climatiques extrêmes dans de nombreuses régions du monde.
El Niño ("le petit garçon", en espagnol) peut durer de quelques mois à plusieurs années et "se renforcer graduellement", explique la NOAA. Ce phénomène météorologique, qui consiste au réchauffement d’une partie de l’océan Pacifique équatorial, a des conséquences bien au-delà de cette zone et peut toucher toute la planète. Notamment par une hausse des températures, ou un déplacement des précipitations et des sécheresses vers d’autres régions du monde. Même l’Europe sera impactée par cet "enfant terrible du Pacifique", comme il est surnommé.
Forecasters at @NOAA’s @NWSCPC announce the arrival of #ElNino https://t.co/2pYGBPzLOM pic.twitter.com/swA9gHPjbQ
— National Weather Service (@NWS) June 8, 2023
Bien qu’annoncé depuis des mois par les climatologues, ces derniers ignorent encore qu’elle sera la force d’El Niño. Mais ce qui est certain c'est qu'il va appuyer les effets déjà visibles du réchauffement climatique. Son retour pourrait conduire "très probablement à un nouveau pic du réchauffement" et augmenter "les chances de battre des records de températures", avait prévenu l’Organisation météorologique mondiale (OMM), en mai 2023. Faisant de 2023-2027, et ce, avec quasi-certitude, la période la plus chaude que l’humanité n’ait jamais connu. L’OMM estime à 66% la probabilité que la température moyenne annuelle à la surface du globe dépasse de 1,5°C les niveaux préindustriels, pendant au moins l’une des cinq prochaines années. C'est l’une des limites fixées par l’Accord de Paris en 2015.
Le réchauffement s’accélère encore, la faute aux activités humaines
Et comme les mauvaises nouvelles n’arrivent jamais seules. Le réchauffement climatique dû aux activités humaines s’accroît désormais à un rythme inédit, avec des émissions de gaz à effet de serre (GES) qui ont atteint un niveau record, alertent des scientifiques dans une nouvelle étude internationale publiée jeudi 8 juin.
"Sur la période 2013-2022, le réchauffement causé par l’humanité a augmenté à un niveau sans précédent de plus de 0,2°C par décennie", écrivent-ils dans la revue Earth System Science Data, s’appuyant sur les méthodes du Giec.
ESSD is announcing an update to IPCC's most recent (6th) assessment, "Indicators of Global Climate Change 2022: annual update of large-scale indicators of the state of the climate system and human influence": https://t.co/m9msKEiu9y pic.twitter.com/Fjjb90bNCj
— Earth Syst Sci Data (@ESSD_journal) June 9, 2023
Selon les auteurs, les émissions de gaz à effet de serre, à l’origine du réchauffement, ont atteint quelque 54 milliards de tonnes de dioxyde de carbone équivalent par an sur 2012-2021, et même 55 milliards de tonnes uniquement pour 2021. Entraînant ainsi une nouvelle estimation du "budget carbone résiduel", à savoir la quantité de CO2 que l'humanité peut encore émettre pour tenter de respecter l’objectif de 1,5°C avec une certitude de 50%. Or, ce budget a été divisé par deux en seulement trois ans, passant de 500 à 250 milliards de tonnes de CO2, soit l’équivalent de moins de six ans d’émissions au rythme actuel.
Une nouvelle étude qui tombe mal à quelques mois du premier bilan mondial des engagements des différents États sur la mise en œuvre l’Accord de Paris. Pour la paléo-climatologue française et co-autrice de l’étude, Valérie Masson-Delmotte, c'est "un dur rappel à la réalité des faits, par rapport à l’urgence de réduire les émissions mondiales de CO2 et méthane, pour permettre de limiter le réchauffement planétaire et l’intensification des risques qui en découle".