Publié le 11 novembre 2016
ENVIRONNEMENT
COP22 : les entreprises et territoires font bouger les lignes
La première semaine de la 22ème Conférence mondiale sur le climat, la COP22, s’achève. Elle a été marquée par l’onde de choc provoquée par l’élection du climato-sceptique Donald Trump à la présidence américaine. Plongeant la diplomatie climatique mondiale dans l’inconnu. Alors, calme plat à Marrakech ? Non. Les acteurs non-étatiques prennent le relais des négociateurs pour entretenir la dynamique de Paris.

Fadel Senna / AFP
"L’élection de Trump ne va pas ralentir la dynamique déployée par les villes, régions, provinces, le secteur privé ou la société civile." C’est le pronostic de Thomas Hale, professeur spécialisé sur les politiques publiques à l’Université d’Oxford. Au contraire.
Dans un sursaut de résistance, elle pourrait même en accélérer le processus, aux États-Unis comme ailleurs dans le monde. Même constat pour Andrew Steer, président de l’organisation World Ressources Institute (WRI): "Il se passe énormément de choses en ce moment au niveau infranational et l’élection de Donald Trump ne pourra pas arrêter cette dynamique".
12 500 initiatives recensées
Ces initiatives sont recoupées sur la plateforme Non-State Actors Zone Climate Action (NAZCA), qui répertorie plus de 12 500 initiatives, dont plus de 2 500 de la part de villes et un peu plus de 2 100 de la part d’entreprises.
Un succès confirmé et renforcé cette semaine par Hakima El Haité et Laurence Tubiana, respectivement championnes du climat pour le Maroc et la France. Les deux femmes ont lancé, le mardi 8 novembre, l’Agenda global de l’action. Initié en 2014 à l’occasion de la COP20 à Lima, cet agenda a pour but d’appuyer les engagements pris par les États en accordant une large marge de manœuvre aux acteurs non-étatiques (organisations de la société civile, entreprises, villes, régions, investisseurs).
Pendant la COP22, l’Agenda global de l’action met en place un programme de neuf journées thématiques : forêts, eau, industrie et secteur privé, résilience des villes, bâtiments, énergie, transport, océans et agriculture. Selon le communiqué, il permet de "présenter de nouveaux engagements structurants, d’identifier les challenges et solutions à développer et de formuler des recommandations politiques pour élever le niveau de l’ambition dans chaque secteur".
Des initiatives pare-feu contre Donald Trump
Face à la difficulté de dresser un bilan de ces initiatives, Hakima El Haite et Laurence Tubiana présenteront le 17 novembre un dispositif de suivi de ces coalitions. Dispositif qui doit devenir opérationnel en mai prochain et prévoit la définition de critères précis et d’un registre d’enregistrement, permettant de juger du degré d’avancement de ces différents programmes.
Pour Laurence Tubiana, "Nous avons besoin de tout le monde. Aucun gouvernement, aucune ville ne peut agir seul. Notre message, aujourd’hui est le suivant : nous devons agir dès maintenant. Nous ne pouvons pas attendre après 2020".
Ces initiatives, qui allient les pays aux acteurs non-étatiques, sont cruciales dans la lutte mondiale engagée contre le réchauffement climatique : l’ensemble de ces actions permettraient, si elles se concrétisent, de réduire les émissions de gaz à effet de serre autant que les plans nationaux pour le climat d’ici 2030. "C’est une digue que Trump ne pourra pas franchir", se félicite Thomas Hale.