Publié le 16 novembre 2020
C'est l'un des piliers des négociations internationales sur le climat : les financements des pays riches pour aider les pays en développement à faire face au changement climatique. Pour l'année 2018, ces derniers ont atteint la somme de 79 milliards de dollars, selon l'OCDE, mettant l'objectif de 100 milliards en 2020 à portée de main. Mais il faut aller encore plus loin, assurent l'OCDE et l'ONG Oxfam, alors que la COP26 doit redéfinir les règles du jeu. 

Comme chaque année, l’OCDE publie son panorama des financements climat envers les pays en développement (1). Pour l’année 2018, ils ont encore progressé, atteignant 79 milliards de dollars. L’objectif de mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 semble donc à portée de main. Les pays riches s’y étaient engagés en 2009, et c’est sur cette promesse est comprise dans l’Accord de Paris. Mais à y regarder de plus près, les pays du Sud, qui se trouvent d’ores et déjà parmi les plus impactés par le changement climatique, risquent de ne pas s’y retrouver.
Financements climat 2013 2018 OCDE
Le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, appelle les bailleurs de fonds à intensifier leurs efforts "pour aider les pays en développement à répondre aux effets immédiats de la pandémie et pour intégrer des mesures climatiques dans la période découlant de la crise du Covid-19 afin de favoriser une croissance économique durable, résiliente et inclusive." L’ONG Oxfam ne dit pas autre chose et prévient que "même si la promesse de 100 milliards de dollars d’aide annuelle était respectée, cela serait loin du compte pour permettre aux pays les plus pauvres de se préparer au réchauffement".  
Quels impacts de la crise ? 
Première source d’inquiétude, un taux de croissance qui ralentit : +11 % entre 2017 et 2028, contre 22 % pour la période précédente. Avec la crise économique liée à la pandémie de Covid-19, les financements pourraient se réduire. L’OCDE affirme que d’après les premières données pour 2019 concernant l’Union européenne, qui constitue le plus important bailleur, "le financement climatique bilatéral de sources publiques pourrait avoir continué de progresser". Quid pour 2020 alors que les pays pauvres devraient subir cette année une baisse de 700 milliards de dollars de leurs financements privés extérieurs dédiés à l’aide au développement, "effaçant des années de progrès en matière de développement", déplore l’OCDE.
Autre point critique, la part des dons qui se réduit tandis que la part des prêts explose, passant respectivement de 27 à 20 % et de 52 % à 74 % entre 2013 et 2018. Le montant des prêts a ainsi plus que doublé, observe l’OCDE, passant de 19,8 milliards de dollars en 2013 à 46,3 milliards en 2018. Quant aux subventions, elles sont restées quasi-stables avec 12 milliards de dollars sur la période 2016-2018. En outre, les pays à faible revenu n’ont représenté que 8 % des destinataires mais ce sont ceux qui ont bénéficié d’une plus forte progression des dons.   
Sujet clé de la COP26
"Les pays et les communautés les plus pauvres du monde ne devraient pas être forcés de contracter des prêts afin de se protéger des émissions de CO2 excessives des pays riches. Les financements censés aider les pays à faire face au changement climatique ne devraient pas leur nuire en contribuant à faire grimper leur endettement, et ce à des niveaux intenables pour de nombreux pays", déplore Oxfam. Pour l’ONG, qui parle d’"assistance nette spécifique au climat" se trouve donc bien en dessous des chiffres déclarés, entre 19 et 22,5 milliards de dollars par an pour la période 2017-2018. Celle-ci ne prend en compte que les dons et la part des projets exclusivement dédiée au climat.
Cette question des financements, qui cristallise de façon récurrente les négociations, sera au menu de la prochaine COP26 sur le climat qui se tiendra à Glasgow en novembre prochain. Celle-ci doit en effet marquer le lancement des discussions pour définir un nouvel objectif collectif chiffré post-2025 à partir du niveau plancher de 100 milliards de dollars par an. "Des négociations qui seront sans doute très difficiles a fortiori dans le contexte post-Covid-19", prévient Oxfam. "La finance climatique est une sécurité vitale pour des communautés qui font face à des canicules records, des tempêtes terrifiantes et des inondations dévastatrices", déclare Tracy Carty, l’une des auteurs du rapport de l’ONG.
Concepcion Alvarez @conce1
(1) Voir le rapport de l’OCDE
(2) Voir le rapport d’Oxfam    

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