Publié le 13 mai 2023
ENVIRONNEMENT
Climat : Le retour annoncé d'El Niño fait craindre le pire
Après trois ans de courant froid de La Niña, un courant chaud El Niño pourrait être observé dans les prochains mois, prévient l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Un phénomène qui vient s'ajouter au changement climatique et qui fait craindre une nouvelle hausse record des températures mondiales en 2023.

PNUDP/Jean Damascene Hakuzimana
"Le monde doit se préparer à des températures records provoquées par El Niño", alerte l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Le rapport, publié le 3 mai et établi avec les contributions de nombreux experts et centres météorologiques mondiaux, calcule à 80% la probabilité qu’un El Niño se manifeste entre juillet et septembre. Le risque est de 60% pour la période de mai à juillet, et de 70% entre juin et août − des valeurs bien plus élevées que lors du précédent bulletin il y a deux mois.
"Nous venons de connaître les huit années les plus chaudes jamais enregistrées, bien que l’épisode La Niña de ces trois dernières années ait freiné temporairement l’augmentation des températures mondiales. L’apparition d’un phénomène El Niño entraînera très probablement une nouvelle flambée des températures mondiales et augmentera le risque de battre des records de chaleur", a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.
Sécheresses et inondations
El Niño est un phénomène climatique naturel généralement associé à une augmentation des températures. Il peut provoquer une sécheresse accrue dans certaines parties du monde comme en Australie, en Indonésie et dans certaines zones du sud de l’Asie, et de fortes pluies dans d’autres, comme l’Amérique du Sud, le sud des États-Unis, la Corne de l’Afrique et l’Asie centrale.
El Niño s’est produit pour la dernière fois en 2018-2019 et a laissé la place à un épisode particulièrement long de La Niña, qui provoque les effets inverses, notamment une baisse des températures. En dépit de cet effet modérateur, les huit dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées. Sans La Niña, la situation de réchauffement aurait pu être pire.
10ème année à +1°C de réchauffement
Selon les rapports de l’OMM sur l’état du climat mondial, 2016 a été l’année la plus chaude jamais observée en raison d’un phénomène El Niño très puissant couplé au réchauffement d’origine humaine dû aux gaz à effet de serre. L’effet sur les températures mondiales se manifeste généralement l’année qui suit le développement du phénomène et, dans le cas présent, c’est en 2024 qu’il sera donc probablement le plus évident.
En fin d'année dernière, le Met Office, l’organisme de météorologie britannique, prévoyait que 2023 serait la dixième année consécutive avec des températures qui dépassent d’au moins 1°C les niveaux préindustriels. Pour rappel, l’objectif de l’Accord de Paris est de maintenir cette hausse sous la barre des 1,5°C.