Publié le 29 septembre 2016
ENVIRONNEMENT
Climat : la Pologne annonce vouloir ratifier l'Accord de Paris…sous conditions
La Pologne était jusqu’alors désignée comme le mouton noir de l’UE sur les questions climatiques. Mais le pays vient de multiplier les annonces sur sa ratification très prochaine de l’Accord de Paris. Seuls 6 pays européens ont pour l'instant ratifié le texte (1). La Pologne devrait le faire d'ici la mi-octobre. Sous certaines conditions que l’UE pourrait bien être tentée d'accepter afin que l’accord entre en vigueur d’ici la COP22 de Marrakech, organisée du 7 au 18 novembre.

Jaap Arriens / NurPhoto / AFP
L’un des pays les plus charbonniers d’Europe s’apprêterait à déposer ses instruments de ratification auprès de l’ONU. Mais sous certaines conditions. Dans une lettre adressée aux ministres européens de l’Environnement (mise en ligne sur le site Climate Home), datée du 26 septembre, Jan Szyszko, le ministre de l’Environnement polonais explique que "la Pologne consentira à la ratification de l’Accord de Paris par l’UE, à condition que ses réductions d’émissions déjà réalisées dans le cadre du protocole de Kyoto et que la spécificité de son mix énergétique soient prises en compte."
Charbon, stockage du CO2 et crédits issus du protocole de Kyoto
Il rappelle ainsi que le pays "est riche en sources d’énergie telles que la houille et le lignite qui forment le socle de l’économie polonaise et de son développement durable". Il ajoute que "la Pologne a besoin de développer de nouvelles centrales électriques au charbon, afin de satisfaire à la demande croissante en électricité et au remplacement de centrales vieillissantes et inefficaces".
Dans le cadre du protocole de Kyoto, la Pologne a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de près de 30%, alors que son objectif était de 6%. Mais l’utilisation de crédits accumulés au titre du protocole de Kyoto est rejetée par de nombreux pays, tels que l'Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas, la Suède et la Grande-Bretagne, qui dénoncent un régime trop généreux.
Par ailleurs, le ministre polonais exige également la prise en compte, dans l’effort sur la réduction des émissions de GES, de l’exploitation des forêts, du développement de la construction de bâtiments en bois permettant de stocker du CO2, de l’utilisation de la biomasse issue des forêts et de l’agriculture afin de produire de l’énergie, du potentiel de l’énergie hydraulique et des ressources géothermiques, chiffres à l’appui.
Une décision européenne très attendue
A l’issue de son déplacement à Varsovie, Ségolène Royal s’était réjouie dans un tweet de la prochaine ratification par la Pologne. Le pays était jusque-là accusé de bloquer l’avancée du processus au sein de l’UE. Mais la ministre passe sous silence les conditions posées pour aboutir à cette ratification soudainement précipitée.
Bonne nouvelle : la ratification de l'Accord de Paris avance. Dans quelques jours par la Pologne m'annonce le ministre Jan SZYSZKO. pic.twitter.com/w8iCzrRnVN
— Ségolène Royal (@RoyalSegolene) September 28, 2016
Lors de l’événement de haut niveau dédié à l’Accord de Paris organisé le 21 septembre, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, Ban Ki-moon, le secrétaire général, avait lui aussi annoncé la ratification, d’ici la fin de l’année, de la Pologne.
Les ministres européens de l’Environnement doivent se retrouver demain pour avancer sur la ratification de l’accord par l’UE, indépendamment d’une ratification individuelle par chacun des États membres. Le Parlement européen devra ensuite donner son accord début octobre. L’enjeu pour l’UE est de ratifier au plus vite pour permettre l’entrée en vigueur du texte d’ici la COP22, organisée au Maroc à partir du 7 novembre.
Par ailleurs, l’Inde a annoncé son intention de ratifier l’Accord de Paris ce dimanche 2 octobre, ce qui porterait le nombre total de pays à 62 et la part des émissions globales couvertes à 52%... très proche des 55% requis pour permettre l’entrée en vigueur du texte.
(1) France, Autriche, Hongrie, Allemagne, Slovaquie et Malte