Publié le 07 février 2022

ENVIRONNEMENT

Voici ce qu'il faut attendre du One Ocean Summit organisé à Brest

Brest accueille du  9 au 11 février le One Ocean Summit, un sommet voulu par Emmanuel Macron et calqué sur le modèle des One Planet Summit pour le climat. Au programme de ces trois jours, le futur traité sur la haute mer ou encore le projet d'accord contraignant sur la pollution plastique. Mais les ONG regrettent la faible place accordée à la pêche et notamment au chalutage de fond alors que de nouveaux clichés révélés la semaine dernière font scandale.

One ocean summit pixabay MartinStr
La France devrait notamment annoncer l’extension de la réserve marine des Terres australes dans l’Océan Indien.
@Pixabay / Martin Str

Ce sont des images chocs, prises par l’association Sea Sheperd au large de La Rochelle. De loin, on pourrait croire à de l’écume, mais ce sont en fait des milliers de petits poissons morts, flottants à la surface de l’eau après avoir été rejetés par un navire-usine. À quelques jours du One Ocean Summit, qui s’ouvre à Brest mercredi 9 février, ces clichés viennent rappeler la nécessité d’une action urgente et coordonnée aux niveaux européen et international sur l’océan, un sujet trop souvent délaissé ou traité à la marge des grands rendez-vous internationaux sur la biodiversité ou le climat.

Dans le cadre de la Présidence française de l’Union européenne (PFUE), cette conférence internationale, doit être un moment fort pour la protection des océans. La France devrait notamment annoncer l’extension de la réserve marine des Terres australes dans l’Océan Indien, sur une surface d’un million de km² dont une zone de protection forte de 250 000 km². Cette extension permettra à l’Hexagone de remplir son objectif de 30% de protection annoncé pour cette année. En revanche elle ne permettra pas d’atteindre l’objectif de 10% de protection forte puisque la surface de haute protection atteindra seulement 4% des eaux françaises. La Polynésie française devrait aussi être à l’honneur avec la mise en place de zones de protection partielle exclusivement destinées à la pêche artisanale.

Faire avancer les négociations sur la haute mer

Mais ce sommet doit surtout servir d’impulsion politique afin de faire émerger des coalitions ambitieuses sur un certain nombre d’accords internationaux en cours. L’un des plus importants concerne la haute mer. Elle représente 64 % des océans et un peu plus de la moitié de la surface de la planète, mais n'est pas régie par le droit international et ne fait donc l’objet d’aucune protection. Depuis 2019, des négociations sont en cours à l’ONU pour formaliser un traité pour la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine en haute mer, avec la création d’un vaste réseau d’aires marines protégées.

La France, actuellement vice-présidente de l’Assemblée des Nations Unies pour l’Environnement (ANUE), devrait également plaider à Brest en faveur d’un traité international contraignant sur la pollution plastique. Un vote en ce sens pourrait intervenir lors de l’ANUE qui se tiendra à Nairobi courant février. Enfin, Annick Girardin, la ministre de la Mer, se mobilise pour faire aboutir la Convention de Torremolinos et ratifier l’Accord du Cap sur la sécurité des navires et la lutte contre la pêche illégale, en souffrance depuis dix ans.

Grands absents : le chalutage de fond et l'exploration en eaux profondes

Si le programme s’annonce riche, une coalition d’une centaine d’ONG déplore toutefois "le silence assourdissant de la France" sur la question du chalutage de fond et plus généralement de la pêche. "Cette méthode de pêche s’apparente à un bulldozer des océans" résume Nicolas Fournier, de l’association Oceana. Selon leurs calculs, les aires marines "protégées" d’Europe ont fait l’objet de plus de 2,5 millions d’heures de chalutage de fond en 2020. "La pêche légale fait aussi partie du problème de la surpêche. En France, les dauphins sont tués en masse légalement (plus de 10 000 ans par an), au-delà du seuil de survie de l’espèce" dénonce Karine Demure de Sea Sheperd.

Les ONG appellent également Emmanuel Macron à se positionner en faveur d’un moratoire sur l’exploration en eaux profondes, soutenu par 37 gouvernements mais aussi de grands groupes comme Google, Samsung ou BMW, lors du Congrès mondial de la nature de septembre dernier. La France avait alors choisi de s’abstenir. Un contre-sommet sera organisé le 11 février à Brest par Greenpeace et Pleine Mer pour dénoncer "l’hypocrisie" du Président alors que celui-ci réunira un segment de haut-niveau avec une vingtaine de chefs d'Etat.    

Concepcion Alvarez @conce1


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