Publié le 8 octobre 2019
Le gouvernement va-t-il mettre un coup d'arrêt au projet de méga centre commercial Europacity, dans le nord de Paris ? Il a en tout cas lancé une grande concertation avec les différentes parties prenantes. Les partisans accusent un coup politique, tandis que les opposants réclament l'abandon total du projet et de la construction de la gare de Gonesse dans le cadre du Grand Paris.

Le projet de mégacentre commercial Europacity, dans le nord de Paris, va-t-il subir le même sort que celui de la Montagne d’or en Guyane ? Face au tollé suscité par ce symbole de l’artificialisation des sols devenu difficile à assumer politiquement, le gouvernement multiplie les échanges avec les différentes parties prenantes – élus, promoteurs ou opposants – depuis mi-septembre.
"Il semble qu’à l’Élysée, le dossier soit de nouveau regardé pour des motifs plus politiques que rationnels", accuse ainsi le maire PS de Gonesse Jean-Pierre Blazy, fervent partisan d’Europacity. Porté par Ceetrus, foncière du groupe Auchan, et le conglomérat chinois Wanda, réunis dans la société Alliages et Territoires, Europacity entend s’implanter, d’ici à 2027, dans le triangle de Gonesse, secteur agricole de 280 hectares coincé entre les aéroports de Roissy-Charles-de-Gaulle et du Bourget.
Un projet teinté de vert
Le projet, dans les cartons depuis dix ans, a fait l’objet de nombreux recours et de récents revers. Coup sur coup, le tribunal administratif de Pontoise a annulé l’arrêté préfectoral créant la zone d’aménagement concerté (ZAC) du triangle de Gonesse et le plan local d’urbanisme de Gonesse. La bataille judiciaire va se poursuivre en appel.
En attendant, les promoteurs ont décidé de verdir leur proposition. "Nous serons un projet zéro carbone dès 2027 (…) nous devançons là les ambitions prônées par les accords de Paris pour 2050", a assuré Benoît Chang, directeur général de la société Alliages et territoires, lors d’une conférence de presse à Paris réunissant élus et acteurs économiques locaux. 
Europacity vise aussi un objectif "100 % énergie renouvelable" et "zéro artificialisation nette des terres" en compensant les 80 hectares de son périmètre par la "renaturation" d’autant d’espaces en Île-de-France, a-t-il ajouté. Certaines surfaces initialement dédiées au commerce vont finalement devenir des espaces naturels. 4 000 arbres seront plantés sur le site et la piste de ski artificielle pourrait définitivement être abandonnée.
Grande zone maraîchère
Pas de quoi calmer l’ardeur des opposants qui ont entamé une marche de deux jours entre Gonesse et Matignon le week-end dernier. Ils demandent l’abandon du projet mais aussi de la construction de la gare de la ligne 17 à Gonesse, qui ouvrirait la voie à l’urbanisation de la zone. Le collectif d’opposants défend au contraire un projet alternatif, Carma (Coopération pour une ambition rurale et métropolitaine d’avenir), pour le maintien de la vocation agricole du Triangle de Gonesse et la création d’emplois tournés vers l’agriculture durable, l’alimentation, l’écoconstruction.

L’ouverture du chantier de la gare est annoncée pour l’automne. Et si le gouvernement planche sur l’abandon d’Europacity, il ne semblerait pas prêt à renoncer à l’urbanisation du triangle de Gonesse programmée depuis trente ans. La ministre Elisabeth Borne, en charge de la consultation, doit rendre son rapport au chef du gouvernement dans les prochains jours.         
Concepcion Alvarez @conce1

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