Publié le 08 juillet 2020
ENVIRONNEMENT
L’Amazonie, en feu, a connu son pire mois de juin depuis 13 ans
Alors que le Brésil subit de plein fouet le Covid-19, un autre drame se déroule en fond, celui de la destruction de la forêt amazonienne. Jamais, depuis 2007, l'Institut national de recherches spatiales n'avait enregistré autant de foyers d'incendies dans cette réserve de biodiversité. Un phénomène dû à la déforestation et à l'agriculture. Un an après les feux massifs dans la zone qui avait provoqué l'émoi au niveau mondial, la situation est encore pire.

Victor Moriyama / Greenpeace
C’était en août 2019. Le monde découvrait avec effroi que depuis un mois déjà, la forêt amazonienne, un des poumons de la terre, partait littéralement en fumée. L’immense ville de Sao Paulo était alors plongée dans le noir, en pleine journée, recouverte d’un rideau de fumée d’incendies en cours à des milliers de kilomètres. Et cette année pourrait être encore plus dévastatrice.
Just a little alert to the world: the sky randomly turned dark today in São Paulo, and meteorologists believe it’s smoke from the fires burning *thousands* of kilometers away, in Rondônia or Paraguay. Imagine how much has to be burning to create that much smoke(!). SOS pic.twitter.com/P1DrCzQO6x
— Shannon Sims (@shannongsims) August 20, 2019
Selon les données officielles rendues publiques début juillet, le nombre d’incendies de forêt en Amazonie brésilienne a augmenté de 19,5 % en juin par rapport au même mois de l’année dernière. 2 248 foyers ont été recensés, le pire total depuis 13 ans. Le mois de juin marque le début de la saison sèche dans la forêt la plus vaste du monde. Le site de l’Institut national de recherches spatiales (INPE), qui permet de suivre en temps réel les alertes d’incendies identifiées par satellite, n’avait jamais fait état d’autant de foyers pour ce mois de l’année depuis les 3 519 recensés en 2007. Mais le pire est attendu pour le mois d’août. Plus de 30 000 foyers avaient été enregistrés en 2019, trois fois plus que lors de ce même mois en 2018.
Jair Bolsonaro accusé de favoriser la déforestation
Les incendies de forêt en Amazonie sont pour la plupart volontaires et directement liés à la déforestation. Ils sont en effet souvent causés par des agriculteurs pratiquant le brûlis sur les zones déboisées pour pouvoir cultiver ou faire paître le bétail. Au total, en 50 ans, près d’un quart de la forêt amazonienne a disparu. Et le phénomène tend à s’accélérer. "Beaucoup de tourteaux de soja brésilien sont importés pour nourrir les animaux d’élevage en Europe et en France (deux millions de tonnes par an pour nous). C’est un risque de déforestation lié à nos importations et à notre modèle agricole", expliquait l’année dernière Valérie Masson Delmotte, co-présidente de Giec, les experts de l’ONU pour le climat.
Les écologistes accusent le gouvernement du Président Jair Bolsonaro, un climatosceptique notoire, de favoriser la déforestation en appelant à légaliser l’agriculture ou les activités minières dans des zones protégées. Les spécialistes craignent par ailleurs que l’augmentation des incendies ne cause davantage de troubles respiratoires chez une population déjà touchée de plein fouet par le coronavirus. Autre problème de taille : les pouvoirs publics disposent de moins de moyens humains et financiers pour protéger l’environnement à cause de la pandémie, qui a fait près de 60 000 morts au Brésil.
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP