Publié le 24 octobre 2017
ENVIRONNEMENT
Aléas climatiques : la production française de vin en danger
La production française de vin a baissé de 19 % cette année par rapport à 2016. Comme celles de l'Italie et l'Espagne, elle subit de plein fouet l'accumulation d'aléas climatiques : gel, canicule, sécheresse... Une lourde perte pour les viticulteurs : seulement 20 % d'entre eux sont assurés contre ces événements qui tendent pourtant à se multiplier.

C’est une année catastrophique. La production mondiale de vin n’a jamais été aussi basse depuis 1945, selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale du vin (OIV) publiés ce mardi 24 octobre. En cause, les mauvaises récoltes des trois plus gros producteurs européens. À savoir l’Italie, qui enregistre une baisse de 23 %, la France avec 19 % et l’Espagne avec 15 %.
Sécheresse, grêle et canicule coupables
Au total, la production européenne a baissé de 14 % par rapport à 2016, selon les dernières données de la Commission européenne. La faute à la météo, particulièrement difficile pour les vignobles. "Les principaux pays viticoles d’Europe occidentale ont subi les mêmes aléas climatiques que la France : gel de printemps, épisodes de grêle, canicule en début d’été et sécheresse en fin d’été, ce qui a conduit à limiter les volumes vendangés", explique France Agrimer.
Ainsi, cette année, les vendanges ont par exemple dû être avancées d’un mois par rapport aux années 1980. Les fortes chaleurs du mois d’août ayant abîmé les raisins. Malgré la multiplication de ces événements climatiques, seuls 20 % des viticulteurs sont assurés contre ce phénomène.
Un faible taux dû aux coûts trop élevés des primes, juge la profession. De leur côté, les assureurs justifient les hausses de prix des contrats par le fait que, jusqu'en 2005, les épisodes de gel, de sécheresse et de forte pluviométrie étaient pris en charge l'État, à travers le fonds de calamité agricole. Désormais, c'est le secteur privé qui propose de couvrir ces risques.
Du Bordeaux au Royaume-Uni, et du Boulaouane en France
Et ces récoltes prématurées ont des conséquences sur le vin lui-même. Des chercheurs ont ainsi montré que ces vins présentaient des arômes plus cuits et que le taux d’alcool augmentait de 1,5 à 2 degrés. Au-delà de ces événements climatiques ponctuels, c'est, à plus long terme, le réchauffement global qui pourrait changer la carte des vins.
Avec la hausse des températures, le Royaume-Uni deviendrait la nouvelle terre du Champagne et du Bordeaux, le Chianti d’Italie s’acclimaterait davantage à l’Allemagne et le Boulaouane marocain au sud de la France.
Marina Fabre, @fabre_marina