Publié le 26 juillet 2021
Après quelques années de pratiques, le reporting RSE cesse d’être un rapport de conformité pour devenir un outil de pilotage stratégique. Du moins pour un nombre de plus en plus important d’entre elles. C’est ce que constate le cabinet Tennaxia dans la 5ème édition de son baromètre auprès des entreprises cotées et non cotées.

L’heure de la maturité semble venue. Pour un nombre croissant d’entreprises, "le reporting RSE est devenu un outil de pilotage opérationnel et stratégique de leur performance", estime le cabinet Tennaxia. Et cela devrait s’amplifier dans les années à venir, notamment  grâce à la transposition de la directive RSE qui "renforce la performance RSE comme levier de performance globale de l’entreprise", selon Bertrand Desmier, le directeur de la business line RSE. Le cabinet de conseil et éditeur de logiciel s’appuie sur les résultats de la dernière édition, la cinquième, de son étude « Pratiques de reporting extra-financier et rapport RSE » (1), élaborée avec l’aide de responsables RSE et de la communication financière.
Plus de vision stratégique
Parmi les tendances et évolutions mises en lumière par l’étude, celle majeure, de l’intégration de plus en plus importante du concept de matérialité : "les entreprises privilégient progressivement un reporting centré sur les enjeux extra-financiers pertinents et probants pour leur activité", assure Tennaxia. Pour cela, elles s’appuient, du moins pour plus de la moitié d’entre elles, sur une analyse de matérialité. Celle-ci leur sert de support pour définir ou réviser les indicateurs clés de performance, "plus concentrés et porteurs de sens", et est de plus en plus présentée en comité de direction. Là encore, la transposition de la directive européenne pourrait accélérer le mouvement puisque la déclaration de performance extra financière devra contenir les informations "pertinentes au regard des principaux risques ou des politiques menées par la société".
Parallèlement, les entreprises associent de plus en plus les indicateurs extra-financiers aux indicateurs financiers, soit à travers des rapports intégrés (pour 12% d’entre elles) ou plus largement dans une démarche de ce que l’on appelle l’ « integrative thinking », qui permet de mieux appréhender la stratégie de création de valeur dans la durée et la performance globale des entreprises.
Cette dynamique permet d’accélérer la prise de conscience des comités éxécutifs sur l’importance stratégique de la RSE, sa capacité à générer de la valeur ajoutée, et la nécessité de l’intégrer dans les business model, estime Bertrand Desmier. Même si la majorité des entreprises (le ¾) s’avouent encore aujourd’hui incapables de monétariser leur démarche RSE (ex : coûts et risques évités, retour sur investissement des actions, valeurs et/ou revenus créés) par manque de retour d’expérience et d’une méthodologie formalisé.
Plus de transparence sur les objectifs
Autre évolution importante : celle de la publication d’objectifs, chiffrés et datés. C’est le cas pour 62% des entreprises, qui n’hésitent plus à les faire vérifier par un organisme tiers indépendant (45%) pour attester de leur tangibilité et de leur crédibilité. 38% des entreprises du panel ont même défini leurs objectifs au regard des ODD (Objectifs de développement durable), "sorte d’esperanto de la RSE", qui permet à la fois aux entreprises, notamment les plus internationales, de benchmarker leur stratégie RSE mais aussi de la challenger face aux grands défis mondiaux.
"Les entreprises ont vraiment fait un gros effort de transparence sur ces sujets, note Bertrand Desmier. C’est particulièrement flagrant en cas de non atteinte des objectifs : les entreprises sont de plus en plus enclines à expliquer pourquoi elles n’ont pas réussi à les atteindre".

Plus de volontaires
Enfin, les entreprises sont aussi de plus en plus nombreuses à se plier à l’exercice du reporting extra-financier de manière volontaire. C’est le cas de 37% du panel retenu par Tennaxia. Le signe d’une influence croissante de la RSE dans les relations commerciales. En effet, "il y a les entreprises qui y viennent par conviction et celle qui y viennent plus par nécessité, pour répondre à une demande de leurs clients (à travers notamment les questionnaires d’agences de notation, du CDP ou d’Ecovadis par exemple) ou de leurs investisseurs, rapporte Bertrand Desmier. Plusieurs entreprises viennent nous voir après avoir obtenu une mauvaise note sur des plateformes de notation de fournisseurs et, une fois les actions mises en place, publient un reporting pour bien montrer à leurs parties prenantes que le sujet est désormais piloté. De nombreuses SAS, qui ne sont pas concernées par le reporting, mais qui travaillent en B to B, publient aussi un reporting pour valoriser leurs actions auprès de leurs clients".
Une dynamique qui devrait aussi se renforcer avec le devoir de vigilance. L’étude montre que 62% des entreprises interrogées se sentent impactées alors qu’elles ne sont que 55% au-dessus de 5 000 salariés (seuil retenu par la loi). « La règlementation a un effet boule de neige sur les plus petites organisations de par les exigences qui vont à moyen terme s’imposer à elles », fait ainsi remarquer Tennaxia.  
Plus de communication
Enfin, les démarches de communication proactives s’amplifient : que ce soit à travers du rapport intégré, du rapport climat ou… des raisons sociaux. Mais ces démarches restent encore minoritaires.

(1)   Méthodologie : étude réalisée entre le 1er mars et 30 mai 2017, auprès de 90 entreprises (42 cotées et 48 non cotées) par un questionnaires en ligne complété par une quinzaine d’entretiens téléphoniques complémentaires.
Béatrice Héraud @beatriceheraud

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