Publié le 12 septembre 2019
Alors que la loi Pacte offre la possibilité aux entreprises volontaires de se doter d’une raison d’être et de l’intégrer dans ses statuts, l’État doit être exemplaire, a déclaré le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Les entreprises dans lesquelles l’État est actionnaire devront se doter d’une raison d’être d’ici 2020. La banque publique d’investissement, Bpifrance, est appelée à faire de même avec les entreprises dont elle détient une participation.

La raison d’être, concept poussé dans la loi Pacte adoptée en mai dernier, est "au cœur du capitalisme du XXIème siècle", cher au ministre de l’Économie. L’État doit donc être "exemplaire" et faire en sorte que les entreprises dans lesquelles il est actionnaire se dotent d’une raison d’être d’ici 2020. C’est ce que Bruno Le Maire a annoncé lors d’un premier bilan de la loi Pacte présenté ce jeudi 12 septembre.



Via l’agence de participation de l’État (APE), cela concerne 81 entreprises parmi lesquelles Renault, Orange, EDF, Engie ou Thalès. Mais les participations, beaucoup plus nombreuses, via Bpifrance, en direct ou via des fonds d’investissement sont aussi concernées. "Cela va dans la continuité de notre travail avec les entreprises dans lesquelles nous investissons et pour lesquelles nous aidons à la mise en place d’actions environnementales et sociales. Nous allons maintenant voir comment décliner cela de manière très opérationnelle avec cette démarche de raison d’être qui ne doit pas être cosmétique", souligne Philippe Kunter, directeur développement durable et RSE de Bpifrance.
Un exercice de cohérence et de pédagogie
"Cela montre une cohérence de la part de l’État", salue Patrick d’Humières, président de Company 21 et auteur du travail collectif Lab Raison d’être, qui vient de formuler dix recommandations pour les entreprises qui souhaitent se lancer dans la démarche. "Cela conduira les actionnaires publics et privés à confronter leur vision de long terme et leurs objectifs extra-financiers, ce qui est nouveau et particulièrement bienvenu. Et cela aidera l’État à savoir pourquoi il participe au capital des entreprises, au nom de quelle vision sociétale". L’exercice devrait inciter de nouvelles entreprises à se lancer dans la démarche.
Si les débats lors de l’élaboration de la loi avaient fait craindre une réticence de la part de certains patrons, la "raison d’être" a pourtant depuis séduit nombre d’entre eux. Depuis quatre mois, de grandes entreprises ont sauté le pas comme la Maif, Carrefour, Atos ou Crédit agricole. "Au-delà d’une conviction, c’est un engagement stratégique public et donc irréversible", a ainsi témoigné Pascal Demurger, directeur général de la Maif.
Cela induit "la mise en place d’une gouvernance spécifique et d’un suivi d’impact sur la performance de l’entreprise, en interne comme à l’externe", reprend l’assureur. Cela induit aussi d’être cohérent sur le partage de valeur, notamment avec les salariés, a également rappelé la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Mais il en va tout simplement de la survie, à long terme des entreprises selon Bruno Le Maire : "de la même façon que pour le digital, les entreprises qui ne se doteront pas d’une raison d’être auront du mal à recruter" et à assurer une performance globale.
Béatrice Héraud @beatriceheraud 

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