Publié le 02 février 2023
ENTREPRISES RESPONSABLES
Decathlon, Blablacar, Carrefour… découvrez les champions de la RSE selon les jeunes diplômés
Ce sont les entreprises les plus engagées sur la RSE, selon les étudiants et jeunes diplômés. Carrefour, Blablacar et Decathlon composent le podium de la deuxième édition de l'index RSE d'Universum. Si en tant que candidat, les jeunes sont plus attachés aux engagements sociaux qu'environnementaux, c'est toujours la rémunération qui prime lorsqu'ils postulent. Une donnée qui vient percuter les appels à la désertion ou à la bifurcation de plusieurs étudiants dont ceux d'AgroParisTech.

@Svetlana Kachurovskaia Lanpochka
Quelles sont les entreprises perçues comme les plus engagées sur la RSE par les jeunes diplômés en recherche d’emploi ? C’est la question posée par le cabinet d’études Universum pour la deuxième édition de son index RSE. Plus de 1 200 étudiants et jeunes actifs de grandes écoles et universités ont ainsi été interrogés sur la perception, selon des critères RSE, d’une soixante d’entreprises parmi lesquelles celles du CAC40, du CAC ESG (les groupes les mieux notés selon les critères environnementaux, sociaux et de gouvernement) et des 50 sociétés les plus associées à ce critère de RSE dans l’enquête annuelle Universum.
On retrouve ainsi sur la première marche du podium Decathlon. "Actif dans sa communication et notamment sur ses actions RSE, l’entreprise française spécialiste de l’équipement sportif et de loisirs poursuit son "Plan de Transition 2020-2026" qui suit trois engagements : "Développer l’humain", "Préserver la nature", "Créer de la valeur durable"", explique Universum. Juste derrière, se place Blablacar, le leader français du covoiturage dont la mission écologique est assez claire. Enfin, c’est Carrefour qui clôture le trio de tête. Son engagement sur la "biodiversité, le climat, la santé, l’éthique et ses employés" a permis au distributeur de se placer à ce niveau, précise Universum.
Les engagements sociaux, numéro 1 des candidats
Pour réaliser ce classement, les jeunes devaient indiquer leurs préférences en termes d'engagement RSE parmi l'environnement (gestion des déchets, recyclage, biodiversité…) ; le social (égalité femmes-hommes, bien-être au travail, emploi des jeunes, égalité des chances…) ; et l'économie (soutien de l'économie locale, investissements socialement responsables et durables, redistribution équitable des bénéfices aux salariés…). Ils devaient ensuite distinguer les entreprises qui répondaient le plus à leurs attentes selon ces engagements. Contrairement à l’index de l’année dernière, les étudiants et jeunes diplômés devaient répondre en se plaçant en tant que candidats et non en tant que citoyens. Et cela a considérablement modifié leurs attentes.
"On voit ici qu’on ne se comporte pas de la même manière en tant que candidat. Quand on cherche un travail, les engagements sociaux sont prioritaires, précise à Novethic Aurélie Robertet, directrice France d’Universum. Ce qui compte le plus c’est de savoir ce que l’entreprise fait pour les salariés en termes de bien-être au travail, d’égalité, de lutte contre les discriminations… La cause écologique, qui est la priorité pour les citoyens, passe ici au second plan".
Deuxième enseignement de cette étude : les candidats donnent de plus en plus de crédibilité aux actions RSE menées par les employeurs. Surtout, la communication des entreprises sur les aspects sociétaux a beaucoup d’impact sur les candidats. "Dans la vie de tous les jours, on est clients de Carrefour, Decathlon, EDF… on est attentifs à leur image, pointe Aurélie Robertet en ajoutant que "les entreprises les mieux classées sont souvent celles qui communiquent beaucoup". Dès lors, on voit des groupes comme Airbus ou TotalEnergies respectivement à la sixième et quinzième places du classement. "C’est contre-intuitif mais ces entreprises cherchent à transformer leur modèle et le font largement savoir", remarque la directrice du cabinet.
La rémunération prime
Une tendance qui vient percuter un mouvement de fond qui s’exerce dans les grandes écoles et universités aujourd’hui. Entre les étudiants d’AgroParisTech qui appellent à "déserter" l’agro-industrie, ceux de Sciences Po dont une partie a tourné le dos au parrain de leur promotion, le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné pendant son discours, ou encore les fraîchement diplômés de Polytechnique qui, en pleine remise de diplômes, critiquent les "théories néo-libérales" enseignées par l’école… un air de fronde plane au sein de la jeunesse.
Et pourtant, "il existe un fossé entre le traitement médiatique qui se fait largement écho de ces évènements, et la réalité du marché. A titre indicatif, les employeurs qui font rêver les étudiants d’AgroParistech sont Danone, Nestlé et l’Oréal (sur 130 entreprises proposées dans l’enquête annuelle Universum)", remarque Aurélie Robertet. L’étude d’Universum révèle ainsi que 60 % des jeunes interrogés accepteraient un emploi dans une entreprise qui ne correspond pas à leurs valeurs si la rémunération et le poste proposés sont intéressants. 14 % avouent d’ailleurs que la RSE ne rentre pas en compte dans les choix des employeurs.
Est-ce à dire que les entreprises peuvent attirer les talents sans se soucier de ces enjeux ? Pas vraiment car les engagements RSE restent un critère de différenciation. "Dans un environnement favorable aux candidats avec quasiment le plein emploi pour les cadres, l’arbitrage porte vite sur la dimension valeur et engagement", nuance Aurélie Robertet.
Marina Fabre Soundron @fabre_marina