Publié le 18 octobre 2016
ÉNERGIE
Énergies renouvelables : les capacités de l’éolien pourraient quintupler d’ici 2030
D’ici 2030, l’éolien pourrait voir ses capacités multipliées par 5 et représenter 20% de la production électrique mondiale, contre 4% actuellement, selon un nouveau rapport du Global Wind Energy Council, publié ce mardi. Une croissance tirée principalement par la Chine et soutenue par l’entrée en vigueur très prochaine de l’Accord de Paris. L’Agence internationale de l’énergie annonce également qu’elle va revoir ses prévisions "substantiellement" à la hausse pour ce qui est des renouvelables. Explications.

Christian Charisius / DPA / AFP
L’éolien va-t-il doper le développement des énergies renouvelables ? Oui, si l’on en croit le dernier rapport du Global Wind Energy Council (GWEC), publié ce mardi 18 octobre. Le secteur pourrait en effet voir ses capacités installées multipliées par 5 d’ici 2030 et fournir ainsi un cinquième de l’électricité produite au niveau mondial.
Le rapport s’appuie sur plusieurs plans qui explorent l'avenir de l'industrie éolienne d'ici 2020, 2030 et 2050. Selon le scénario "le plus avancé" (qui s’est souvent révélé proche de la réalité), en 2030, l'énergie éolienne pourrait atteindre 2 110 gigawatts (GW). À la clé : une réduction des émissions de CO2 de plus de 3,3 milliards de tonnes par an, 2,4 millions d’emplois créés et un investissement annuel d'environ 200 milliards d’euros.
La Chine, moteur de croissance
Sur ces 2 110 GW, la Chine comptabiliserait à elle seule 666,5 GW, soit sa capacité actuelle multipliée par 4. Fin 2015, les installations d'énergie éolienne mondiales se sont élevées à 433 GW, en hausse de 17% sur un an. Une croissance déjà tirée en grande partie par Pékin (33,6% du total).
Au sein de l'Union européenne, l’éolien pourrait passer de 141,6 GW installés à fin 2015 à 220 GW en 2020, 361 GW en 2030 et 591 GW en 2050. La France reste à la traîne avec 10,4 GW, loin derrière l’Allemagne (44,9) et l’Espagne (23). Elle est même devancée par le Royaume-Uni (13,6).
En 2050, le GWEC estime que les capacités éoliennes totales pourraient atteindre 5 800 GW, soit 13 fois plus qu’à fin 2015.
Un coût divisé par 3
"Maintenant que l'Accord de Paris est sur le point d’entrer en vigueur, les pays doivent prendre au sérieux leurs engagements pris en décembre dernier. Atteindre les objectifs de Paris signifie un approvisionnement en électricité complètement décarbonée bien avant 2050, et l'énergie éolienne jouera un rôle majeur pour nous y aider", a déclaré Steve Sawyer, secrétaire général du GWEC. "L'énergie éolienne est l'option la plus compétitive pour l'ajout de nouvelles capacités au réseau dans un nombre croissant de marchés", a-t-il ajouté.
Avec la baisse spectaculaire des prix au cours des dernières années – le prix des turbines a chuté de près d’un tiers depuis 2009 –, les énergies renouvelables sont devenues économiquement compétitives. "Comparée à l'éolien, l'électricité nucléaire est trois fois plus chère aux États-Unis et l'électricité tirée de nouvelles centrales à gaz ou à charbon coûte jusqu'à 30% plus cher en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient", pointe le GWEC. De nouveaux marchés se développent rapidement à travers l'Afrique, l'Asie et l'Amérique latine.
Hausse de la demande pour les renouvelables
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) vient par ailleurs d’annoncer qu’elle allait relever ses projections pour le déploiement des énergies renouvelables "de façon substantielle par rapport aux années précédentes, reflétant les évolutions majeures survenues dans les politiques énergétiques à travers le monde", a déclaré le porte-parole de l’AIE, Jad Mouawad, à l'agence Bloomberg, à quelques semaines de la publication du World Energy Outlook 2016 prévue le 16 novembre.
De fait, plusieurs études ont démontré que les projections de l’AIE concernant les renouvelables, bien que relevées chaque année, avaient systématiquement très largement sous-estimé la croissance des renouvelables. Une tendance qui perdure depuis… 2002. C’est le cas notamment de l’ONG allemande EnergyWatch Group, qui a publié un rapport il y a un an avec l’université de technologie de Laappeenranta (Suède) et dont est tiré l’éloquent graphique ci-dessous.