Publié le 01 septembre 2017
ÉNERGIE
100 % d’énergie renouvelable en 2050, c’est possible dans 139 pays
Des chercheurs américains ont démontré que la transition vers un modèle énergétique 100 % renouvelable était possible dans 139 pays – représentant 99 % des émissions globales de CO2 – dès 2050. Cette transition est non seulement possible mais elle permettrait de réduire la demande énergétique mondiale de 42,5 %, de créer 24,3 millions d’emplois nets et de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici la fin du siècle.

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C’est un travail titanesque qui a été mené par 27 chercheurs de l’université américaine de Stanford. Ils ont passé en revue les ressources renouvelables de 139 pays pour lesquels les données sont disponibles. Puis ils ont comparé la demande énergétique mondiale en 2012 et en 2050 dans un scénario business as usual (où rien ne change) et dans un scénario où l’ensemble des secteurs sont électrifiés (transport, résidentiel, industriel, agricole…).
Leurs résultats ont été publiés le 23 août dans la revue Joule (1) et sont plus qu’enthousiasmants. En effet, les chercheurs estiment qu’une transition vers 100 % d’énergie renouvelable est tout à fait possible dans ces 139 pays – qui représentent 99 % des émissions mondiales de CO2 – d’ici 2050. Parmi eux, on trouve les pays de l’Union européenne dont la France, mais aussi la Chine, les États-Unis, l’Inde, la Russie ou encore l’Arabie saoudite.
Une réduction de la demande énergétique de 42,5 %
Cette transition est non seulement possible, mais elle permettrait une réduction de la demande énergétique de 42,5 % par rapport à un scénario business as usual. Le besoin de puissance pour répondre à la consommation finale d'énergie passerait de 12 TW (térawatts) en 2012 à 11,8 TW en 2050 au lieu de 20,6 TW dans le scénario business as usual. Cela est dû à un moindre besoin en énergie liée à l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures et à une meilleure efficacité énergétique des renouvelables comparée aux fossiles.
"Moins de 20 % de l’énergie fournie par l’essence d’une voiture sert à la faire bouger. Le reste est perdu en chaleur, explique Mark Jacobson, professeur à l'université de Stanford et auteur de l'étude. Avec une voiture électrique, environ 80 % de l’énergie fournie sert à avancer."
Par ailleurs, un modèle 100 % renouvelable permettrait de contenir la hausse de la température globale à 1,5 °C d’ici la fin du siècle. De plus, cela créerait, selon les chercheurs, 24,3 millions d’emplois nets, éviterait 4,6 millions de morts prématurées liées à la pollution et économiserait chaque année plus de 50 000 milliards de dollars en coûts liés à la santé et au climat.
Un investissement moyen de 900 milliards de dollars par pays
La feuille de route présentée mise sur une production d’énergie à partir majoritairement du solaire (58 %) et de l’éolien (37 %), mis aussi de l’hydraulique (4 %), de la géothermie (0,7 %) et de l’énergie marémotrice (0,6 %). Les chercheurs se sont appuyés sur des technologies existantes ou en développement. Cela suppose d’implanter 1,8 milliard de panneaux solaires et 2,4 millions d’éoliennes supplémentaires et de dédier en moyenne 1% du territoire à ces nouvelles installations.
Cela implique aussi des investissements de départ colossaux : près de 125 000 milliards de dollars pour l’ensemble des 139 pays afin d’assurer l’installation de 50 térawatts de nouvelles capacités. Cette somme représente en moyenne 900 milliards de dollars par pays, soit près de la moitié du PIB français… Mais cela reviendrait à un coût par mégawatt de 2,5 millions de dollars, "à comparer aux 2,7 millions par mégawatt produit en scénario tendanciel" précisent les chercheurs.
Selon eux, le principal blocage est avant tout politique. "Les décideurs politiques refusent habituellement de s’engager à agir s’ils n’ont pas à disposition des travaux scientifiques raisonnables leur montrant qu’il est possible d’agir. C’est ce que nous avons voulu faire avec cette étude" soutient Mark Jacobson.
Concepcion Alvarez @conce1
(1) Lire l'étude