Publié le 06 septembre 2017
ÉNERGIE
Nicolas Hulot programme la fin de la production de pétrole en France pour 2040
[Mise à jour le 6 septembre 2017] À partir de 2040, la France ne produira plus de pétrole ou de gaz. Nicolas Hulot présente ce mercredi 6 septembre un projet de loi au conseil des ministres en ce sens. Il prévoit que plus aucun permis d’exploration et d’exploitation ne sera délivré sur le territoire et dans la zone économique exclusive. Le ministre de la Transition écologique et solidaire tient ainsi une promesse de campagne d’Emmanuel Macron.

@DanniSimonds
Emmanuel Macron l’avait annoncé, Nicolas Hulot l’a fait. La France ne va plus octroyer de permis d’exploration et d’exploitation d’hydrocarbures. Le ministre de la Transition écologique et solidaire s’y était engagé lors de la présentation de son plan climat le 6 juillet dernier. Il a présenté, pour avis, un projet de loi en ce sens au Conseil national de la transition écologique. Il est soumis en conseil des ministres ce mercredi 6 septembre.
Pour autant, cela ne signifie pas la fin immédiate des activités extractives en France. Les permis en cours ne seront pas abrogés et les détenteurs d’autorisation pourront mener à bien leurs opérations. Ainsi, le ministre juge que les derniers puits en production seront mis à l’arrêt à l’horizon 2040. De quoi laisser le temps à la filière, qui emploie 1500 personnes et génère 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires, de se retourner.
Le gaz de schiste définitivement interdit
Dans l’immédiat, le ministre a toutefois décidé de sécuriser l’interdiction des hydrocarbures non conventionnels, comme le gaz de schiste par exemple. Jusqu’à maintenant, la loi de 2011 interdisait l’utilisation de la fracturation hydraulique, seule technique permettant de produire ces réservoirs de manière économique. Désormais, leur exploitation sera interdite quelle que soit la technique employée. Seule exception, le gaz de houille. La récupération du méthane qui filtre naturellement hors des anciennes mines de charbon ou s’accumule dans des poches géologiques est un enjeu de sécurité (risque d’explosion) et de protection de l’environnement (le méthane est l’un des plus puissants gaz à effet de serre).
La fin de l’extraction des hydrocarbures est bien sûr un symbole très fort, mais qui n’aura qu’un impact limité sur le bilan carbone de la France, l’activité tricolore étant marginale. Avec une production annuelle de 0,8 million de tonnes de pétrole et de 0,16 milliard de mètres cubes de gaz, le pays couvre respectivement 1 % et 2% de sa consommation. On est loin des années 70 et 80 où les grands gisements en Aquitaine et dans le bassin parisien permettaient au pays de couvrir plus de 30 % de ses besoins et avait permis l’essor de géants tels que Total, Elf ou encore Vallourec.
Des permis en souffrance
Au-delà du signal fort sur la transition énergétique, la décision du ministre Nicolas Hulot a le mérite d’éclaircir une situation qui empoisonnait la filière pétrolière en France depuis 2007. Sous les mandatures de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, presque aucun permis pétrolier n’a été délivré par l’administration. Seule une vingtaine l’a été, alors que 160 demandes n’ont pas été instruites par les ministres successifs. Le 7 mars dernier, à l’occasion du bilan annuel de l’Union Française des Industries Pétrolières (UFIP), son président Francis Dusseux déplorait : "La situation est catastrophique. C’est une vraie prise de position politique et c’est une erreur".
Ce dernier expliquait que, selon les prévisions énergétiques pour 2030, "il y aura encore 33 % de pétrole dans le mix énergétique de la France". Il ajoute : " Il n’y a aucune bonne raison de bloquer ces permis. Il faut revenir à une situation normale dans ce domaine (…) Il faut recréer une activité minière en France dans le cadre des règles environnementales". Un vœu qui restera à jamais irréalisé une fois que le texte de Nicolas Hulot sera adopté.
Ludovic Dupin @ludovicDupin