Publié le 09 octobre 2021
ÉNERGIE
Fusion nucléaire : l'aimant le plus puissant du monde en route pour le réacteur Iter
La fusion nucléaire progresse en France. Le réacteur Iter, en construction dans le sud du pays, vient d'accueillir une pièce essentielle à son fonctionnement. Il s'agit de la première partie d'un gigantesque aimant, annoncé comme le plus puissant au monde. Iter devrait atteindre sa pleine puissance en 2035.

@Iter
Alors que des sauts technologiques sont franchis sur la fusion nucléaire en Chine et aux États-Unis, l’assemblage d’Iter, le plus grand démonstrateur industriel de cette technologie, accueilli à Cadarache en France, avance lui aussi rapidement. Une pièce clé du réacteur vient d’arriver sur place.
D’un poids de 1 000 tonnes et de la taille d'un immeuble de sept étages, la première pièce d'un gigantesque aimant, annoncé comme le plus puissant au monde, est arrivée sur site. Cet aimant appelé "Central Solenoid" constitue un jalon majeur d'Iter. Fabriqué par General Atomics en Californie, il est le premier des six modules qui doivent équiper le réacteur au plus tard en 2024.
300 000 fois le champ magnétique terrestre
L'aimant supraconducteur sera placé au cœur du réacteur à fusion tokamak, une immense chambre magnétique en forme d'anneau où la température pourra atteindre 150 millions de degrés. En chauffant, les atomes d’hydrogène composant le plasma entreront en collision et occasionnellement fusionneront pour donner naissance à des atomes d'hélium plus lourds, ce qui dégagera une énergie colossale. Cela reproduit la réaction qui se passe au cœur du Soleil, sans aucun déchet dangereux.
Le champ magnétique créé par les aimants, 300 000 fois plus puissant que le champ magnétique terrestre, permettra de confiner le plasma dans l'enceinte, pour éviter qu'il n'entre en contact avec les parois et ne refroidisse. Mais plus son volume augmente, plus il est difficile de le stabiliser. Or, Iter prévoit d'injecter un volume encore jamais atteint de 830 mètres cubes de plasma (l’équivalent d’un tiers d’une piscine olympique). La première production de plasma devrait intervenir en 2026 et Iter devrait atteindre sa pleine puissance en 2035.
Ludovic Dupin avec AFP