En 2012, François Hollande promettait la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) avant fin 2016. Jusqu’au bout de son mandat, cette promesse aura été un boulet pour l’ancien Président de la République. Il aura fallu tous les efforts de la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, pour obtenir une concession d’EDF. Le 6 avril, le conseil d’administration de l’électricien actera la fermeture de la centrale contre une indemnisation de l’État, mais pas avant le démarrage de la centrale de l’EPR de Flamanville au mieux en 2018. Dans la foulée, la ministre fera passer un décret au journal officiel.
Le décret sur la fermeture de la centrale de #Fessenheim est signé et publié ce matin au JO. C’est dit c’est fait #transitionenergetique pic.twitter.com/LSR45LI9BB
— Ségolène Royal (@RoyalSegolene) 9 avril 2017
Un Premier ministre passé chez Areva
Lorsqu’Emmanuel Macron a été élu, pas question de revenir sur cette promesse. Pourtant, la nomination à Matignon d’Édouard Philippe interrogera sur les ambitions nucléaires du nouveau Président. L’ancien maire du Havre a en effet fait un passage chez l’ingénieriste nucléaire Areva de 2007 à 2010, ce que n’hésitent pas relever des opposants comme Sortir du Nucléaire. En tant que député, il s’était opposé – comme l’ensemble de son groupe parlementaire – à la loi de transition énergétique, dont l’une des mesures phare est la réduction de la part du nucléaire de 75 à 50 % dans le mix électrique.
#EdouardPhilippe,#PremierMinistre & ancien directeur des affaires publiques d’Areva: la complaisance envers l’industrie nucléaire en marche!
— Sortir du nucléaire (@sdnfr) 15 mai 2017
Une des réponses à cette inquiétude a été la nomination de Nicolas Hulot au ministère de la Transition écologique et solidaire. Son premier test nucléaire aurait dû être le 6 juillet lors de la présentation de sa feuille de route pour le climat. Bien que traçant une voie ambitieuse, le ministre fera l’impasse sur l’atome. Il se rattrapera le 10 juillet en déclarant à l’antenne de RTL : "Chacun peut comprendre que pour tenir cet objectif, on va fermer un certain nombre de réacteurs (…). Laissez-moi planifier les choses, ce sera peut-être jusqu’à 17 réacteurs, il faut qu’on regarde".
Un propos immédiatement tempéré par Édouard Philippe dans le JDD : "Des centrales fermeront mais je ne peux pas vous dire lesquelles". Il faut croire que le Premier ministre aura discuté avec son ministre en charge de l’énergie puisque, auditionné par la commission des affaires économiques du Sénat, Nicolas Hulot finira par dire que l’objectif de réduction de la part du nucléaire dans le mix électrique sera difficile à tenir.
L’EPR fait des siennes et Bruno Le Maire tape du poing sur la table
Dans le même temps, la filière nucléaire a connu quelques bonnes nouvelles et de très mauvaises. Depuis 2014, une épée de Damoclès planait au-dessus de l’EPR en construction à Flamanville (Manche). Des anomalies dans la teneur de carbone de la cuve laissaient craindre que le réacteur, en retard de 6 ans, ne soit pas utilisable. Fin juin, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a finalement autorisé EDF à utiliser la cuve. L’électricien devra tout de même procéder au changement du couvercle en 2024.
En revanche, la filière se fait des frayeurs de l’autre côté de la Manche où EDF doit bâtir deux EPR à Hinkley Point. Alors que le chantier n’a pas encore réellement débuté, le PDG Jean-Bernard Lévy alerte sur une première révision des coûts. Le devis initial a été réévalué de 8 % pour atteindre 19,6 milliards de livres sterling. Le groupe met de plus en garde contre un risque de retard de 15 mois pour le premier réacteur et 9 mois pour le second. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a appelé l’électricien à mettre en place une maîtrise rigoureuse de son chantier, dont la première tranche doit démarrer en 2025.
Ludovic Dupin @LudovicDupin