Publié le 28 juillet 2017
Stéphane Travert, ministre de l'Agriculture, a annoncé le reversement de 4,2 % du pilier 1 de la PAC, destiné aux agriculteurs conventionnels,  au pilier 2, regroupant les petits exploitants et les producteurs bio. Ces derniers demandaient un transfert de 15 % et dénoncent une "catastrophe" pour leur avenir quelques jours seulement après les États généraux de l'Alimentation. 

La gronde ne finit pas de monter du côté des agriculteurs bio. Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, a annoncé jeudi 27 juillet, une nouvelle répartition des aides de la PAC, politique agricole commune. Désormais, 4,2 % du pilier 1 de la PAC, essentiellement composé d’agriculteurs conventionnels céréaliers, sera redistribué au pilier 2, comptant les petites exploitations de zones défavorisées et les agriculteurs bio.
"C’est une catastrophe !", estime Stéphanie Pageot, présidente de la FNAB (Fédération nationale d’agriculture biologique), interrogée par Novethic. "Nous n’avons plus de budget, les aides à la bio sont totalement compromises".
Un "très mauvais signal" après les États généraux de l’alimentation
La FNAB réclamait un transfert de 15 % du pilier 1 vers le 2, comme Bruxelles l’autorise. Les maraîchers, éleveurs et producteurs sont de plus en plus séduits par la bio. Les surfaces dédiées ont connu une croissance de 16 % en 2016. Or, les aides financières pour la conversion du conventionnel vers la bio, allouées par l’ancien ministre Stéphane Le Foll, n’ont pas pris en compte une si forte progression. Pour la FNAB, ces sommes sont devenues insuffisantes.
"On ne s’attendait pas à ça. C’est incompréhensible par rapport à la volonté clairement affichée lors des États généraux de se tourner vers une agriculture saine, durable, et accessible à tous", témoigne Stéphanie Pageot. "Il suffisait de prioriser et transférer une partie des énormes subventions accordées à l’agriculture industrielle (qui détruit la planète), pour financer l’agriculture biologique qui rend de vrais services à la société. C’est à cela que doit servir l’argent public !", soutient Suzanne Dalle, chargée de campagne agriculture chez Greenpeace.
"Des promesses de campagne enterrées par les lobbys"
Plus globalement, la Confédération paysanne plaidait pour une réforme du pilier 1 de la PAC fonctionnant par aide à l’hectare. Ce système favorise les grosses exploitations. La Confédération souhaitait donc une augmentation des prix de 50 à 75 euros par hectare, voire à 100 euros en 2018. Stéphane Travert a refusé.
"Le gouvernement a clairement laissé la FNSEA (principal syndicat agricole, NDRL) arbitrer la PAC 2018. (…) Il n’aura pas fallu longtemps pour que les promesses de campagnes du candidat Macron soient enterrées par les lobbys", explique la Confédération paysanne.
Les agriculteurs conventionnels ne veulent pas payer l’ardoise du bio
Pourtant, du côté de la FNSEA, Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, le mécontentement se fait aussi sentir… mais pas pour les mêmes raisons. La Fédération estime payer l’ardoise du second pilier alors qu’elle-même, est en crise.
"Ce prélèvement est inacceptable quand de nombreux secteurs traversent une crise grave avec des prix de marché qui ne couvrent plus les coûts de production, quand la moitié des agriculteurs ont eu en 2016 un revenu inférieur à 350 euros par mois", écrit la FNSEA dans un communiqué.
Marina Fabre @fabre_marina

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