PepsiCo revoit ses priorités. Le virage a été confirmé par son PDG, Ramon Laguarta, à l’occasion de la présentation des résultats du troisième trimestre 2025. Si le chiffre d’affaires progresse, le recul des volumes de vente en Amérique du Nord, notamment dans la division snacks, inquiète. La hausse des prix ne suffit plus à compenser la désaffection croissante des consommateurs pour les produits trop salés ou transformés.
Dans ce contexte, Ramon Laguarta a annoncé une stratégie de “transformation du portefeuille”, en misant sur une nouvelle génération de produits. Doritos, Cheetos et autres marques phares seront reformulées pour intégrer davantage de fibres et de protéines, tout en éliminant colorants et arômes artificiels. Une réponse directe aux nouvelles attentes des consommateurs en matière de santé, mais aussi à l’évolution des réglementations : la FDA, l’institution américaine chargée de la surveillance des denrées alimentaires et des médicaments, prévoit par exemple de restreindre plusieurs additifs d’ici 2026.
L’initiative vise aussi à rassurer les investisseurs. En septembre, le fonds activiste Elliott Investment Management est entré au capital à hauteur de 4 milliards de dollars. Il a immédiatement appelé à des réformes structurelles, pointant la sous-performance du groupe face à son concurrent Coca-Cola, et en particulier les difficultés de la division Frito-Lay (snacks salés). Le fonds encourage notamment un recentrage stratégique, une rationalisation des marques et une meilleure exposition aux segments en croissance comme les protéines.
Ozempic et effet “santé” : les industriels sous contrainte
Au-delà des attentes des marchés, PepsiCo doit composer avec une nouvelle réalité de consommation. L’essor des médicaments à base de GLP-1, comme Ozempic et Wegovy, utilisés pour la perte de poids, commence à se faire sentir dans les comportements alimentaires. Une étude relayée par Food Dive estime que ces traitements entraînent une baisse moyenne de 6 % des dépenses alimentaires, en particulier pour les produits très caloriques et transformés comme les chips, viennoiseries et biscuits.
PepsiCo affirme ne pas avoir observé d’impact direct, mais son PDG admet que la “prise de conscience autour de la santé et du bien-être” influence fortement les tendances du marché. Pour s’y adapter, le groupe diversifie son offre : développement de snacks plus sains avec les marques Simply, SunChips ou Quaker, acquisition d’acteurs comme Siete et Sabra, formats individuels à prix réduit, et lancement prévu de boissons protéinées ou d’eaux enrichies comme Propel.
“Nous pensons que les fibres seront la prochaine protéine”, a affirmé Ramon Laguarta lors de son échange avec les analystes. PepsiCo prépare ainsi une nouvelle gamme de produits qui associe “nutrition fonctionnelle” et contrôle des portions – un positionnement que le groupe espère porteur sur un marché en recomposition. En amorçant la refonte de ses produits phares, PepsiCo répond à des signaux de plus en plus clairs : consommateurs plus attentifs à leur santé, pression réglementaire croissante, et arrivée de nouveaux usages comme les traitements de perte de poids. Si ces premières évolutions témoignent d’une certaine capacité d’adaptation, elles restent pour l’heure centrées sur des ajustements plutôt que sur une remise en question plus large du modèle industriel.