Le capital sympathie de Bernard Looney aura fait long feu. Considéré comme modérément plus ambitieux que ses pairs car il avait pris l’engagement de réduire de 40% la production pétrolière de BP d’ici à 2030, le PDG de la major britannique est revenu sur cet objectif (abaissé à -25%) lors de la présentation des résultats annuels 2022. Un mauvais signal, à l’heure où les activistes environnementaux, le président des États-Unis et même le secrétaire général de l’ONU questionnent l’éthique des mégaprofits pétroliers et gaziers. Mais une décision de logique financière, dans une période d’incertitude où les impératifs de sécurité énergétique provoquent des injonctions contradictoires.
Les bénéfices des majors résultent d’une situation exceptionnelle, de l’aveu même des observateurs du secteur. Elles ont surfé sur des prix élevés, tout en conservant une stricte discipline financière : selon Bloomberg, leur trésorerie nette a atteint en 2022 un niveau deux fois supérieur au précédent pic pétrolier de 2008, pour une production plus faible. Leurs profits sont si importants qu’ils pourraient alimenter en 2023 une hausse à deux chiffres de leurs dépenses d’investissement, la distribution de plus de 100 milliards de dollars à leurs actionnaires et la réduction d’un tiers de leur dette nette.
L’horizon limité des acquisitions d’entreprises bas-carboneAu-delà des montants excep