Ils sont désormais 35. 20 ministres et secrétaires d’État viennent de rejoindre les rangs du gouvernement Attal pour cette seconde vague de nominations qui a tardé à arriver. “C’est toujours un choix difficile, ce sont des personnes, des périmètres à redessiner”, s’est justifié Gabriel Attal invité sur France 2 le 8 février. Et les périmètres ont effectivement beaucoup changé.
Première constatation : le rattachement de l’énergie à Bercy est désormais confirmé. Roland Lescure, ministre délégué à l’Industrie depuis l’été 2022 obtient un portefeuille élargi puisqu’il récupère l’énergie dans son périmètre. Il est rattaché au ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Ce n’est pas vraiment une surprise. Depuis le 11 janvier, date du premier remaniement, la disparition du grand ministère de la Transition écologique et énergétique avait suscité une vague d’indignation chez les écologistes. Mais cette fois, c’est officiel.
Un “très mauvais signal” selon le Réseau action climat qui s’interrogeait déjà à la mi-janvier avec le WWF : “Comment le Premier ministre pourra-t-il encore prétendre être en charge de la planification écologique et énergétique alors que ces deux portefeuilles seront à nouveau écartelés entre des ministères et des intérêts opposés ?”. Le 16 janvier, le ministre de l’Économie, et de l’énergie donc, avait tenté d’apaiser les craintes. “Ce n’est pas parce que l’énergie est à Bercy que nous allons reculer sur la transition climatique”, avait-il déclaré lors de la visite de la centrale nucléaire de Gravelines, dans le Nord.
Le Transport et le Logement, sans énergie
Nouveauté également, les ministères du Logement et des Transports, orphelins depuis presque un mois, ont désormais des pilotes. Patrice Vergriete, nommé en janvier 2023 président du conseil d’administration de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France devient ministre délégué chargé des transports.
Je remercie le président de la République et le Premier ministre de leur confiance. En charge de l’industrie et de l’énergie, je continuerai à œuvrer, aux côtés de @BrunoLeMaire, à faire de la France la première nation verte d’Europe.
— Roland Lescure (@RolandLescure) February 8, 2024
Guillaume Kasbarian, député controversé pour sa loi dite “anti-squatteurs” est nommé ministre délégué en charge du logement en pleine crise. Les deux ministres sont rattachés au ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. “Comme l’énergie a quitté le ministère de la Transition écologique, comment ces ministres vont-ils faire ? Entre la rénovation énergétique, la mobilité durable,… il est complexe de penser le transport et le logement sans l’énergie”, pointe à Novethic l’avocat spécialiste du droit de l’environnement, Arnaud Gossement.
“La biodiversité méritait mieux”
Dernier périmètre à changer : celui de Hervé Berville, secrétaire d’État chargé de la Mer depuis juillet 2022 qui devient ministre délégué à la Mer et à la Biodiversité. “On aurait pu se réjouir que la biodiversité ait un ministre délégué mais c’est une triste nouvelle quand on connaît le titulaire du portefeuille. La biodiversité méritait mieux”, tacle Arnaud Gossement.
Lors de son précédent poste, Hervé Berville s’est en effet mis à dos plusieurs ONG dont Bloom, qui vise à protéger les océans. Le ministre avait par exemple porté la position de la France à Bruxelles en s’opposant à l’interdiction du chalutage de fond dans les aires marines protégées (AMP) d’ici 2030, connu pour leurs conséquences néfastes sur la biodiversité marine. “C’est sans doute la déclaration la plus anti-écologique que j’ai entendue en 2023”, avait écrit dans un tweet la fondatrice de l’ONG Bloom Claire Nouvian.
L’enjeu est d’autant plus important qu’au-delà de la mer, la biodiversité occupe toute l’actualité. Le gouvernement vient en effet de mettre en pause le troisième plan Ecophyto qui vise à réduire de moitié le recours aux produits phytosanitaires d’ici 2030. Des mesures doivent être annoncées lors du Salon de l’agriculture qui se tiendra du 24 février au 3 mars prochain. L’occasion de constater le poids de la biodiversité en pleine crise agricole.