Près de quatre millions de vues pour l’extrait de ce reportage diffusé par M6 le 2 avril au sujet de ces fêtes chics et chères organisées à Paris sur invitations. Le tollé suscité par sa diffusion n’est pas lié qu’à la suggestion du fait que "des ministres" – jamais nommés – y auraient participé. Ces images sont un signal fort que les mesures sanitaires ne sont pas appliquées de la même façon pour tous.
Caviar, champagne, menus de grands chefs et retrait du masque obligatoire…Nos journalistes ont pu pénétrer dans ces fêtes clandestines de haut standing qui se tiennent actuellement à Paris.
@frvignolle Armelle Mehani et @CyrielleStadler en exclusivité pour le #19h45 pic.twitter.com/ClXpIWrVwZ
— M6info (@m6info) April 2, 2021
Ceux dont le niveau de vie permet d’adoucir la rigueur du semi-confinement, grâce à ces diners ou leurs résidences secondaires, jouissent de privilèges qui semblent de plus en plus insupportables à ceux qui sont en première ligne des difficultés sociales. Même la prise de rendez-vous pour la vaccination sur DoctoLib a renforcé les inégalités d’accès tant "l’illectronisme" (incapacité à utiliser des outils numériques) est répandu parmi le plus défavorisés.
Manger les riches
La manifestation de cette colère sur les réseaux sociaux aboutit à des hashtags sanguinaires comme #MangerLesRiches. Signe que l’embrasement de la crise des gilets jaunes est un feu mal éteint. La crise sanitaire et l’assignation à résidence qui en résulte, se double d’une fermeture des restaurants, des cantines et des centres commerciaux, grands pourvoyeurs d’emploi de ceux qui ont massivement envahi les ronds-points en 2018.
Les tensions sociales ne sont pas qu’un phénomène français. Les images spectaculaires du bois de La Cambre à Bruxelles jeudi où "la Boum" organisée sur les réseaux sociaux par des jeunes qui voulaient faire un piquenique géant a dégénéré en émeute : canons à eau pour les policiers, pierres pour les jeunes, blessés de part et d’autre.
Ces images disent l’impuissance des gouvernements qui tentent de masquer avec des mesures sécuritaires leurs difficultés à faire rétablir l’ordre sanitaire. Elles créent un doute sur l’exemplarité de ceux qui gouvernent mais aussi sur l’efficacité des mesures qu’ils prennent contre le Covid-19. En cela, elles minent les démocraties fragilisées par la pandémie tout autant que par l’État d’urgence permanent.
Anne-Catherine Husson-Traore, @AC_HT, Directrice générale de Novethic