Pour l’instant tout est hypothétique et il va falloir attendre encore quelques mois pour voir comment la question environnementale sera débattue dans le cadre des négociations sur les termes du Brexit. "Deux sujets seulement sont actuellement sur la table, celui de la citoyenneté et de la finance, raconte Pascal Durand, eurodéputé Verts. Mais je dois avouer que je suis assez inquiet pour l’environnement."
Un tiers des normes non appliquées
Comme lui, les ONG expriment des doutes sur l’avenir écologique d’une Europe qui doit se réinventer sans le Royaume-Uni. Se pose notamment la question des normes environnementales et de leur contrôle. "L’acquis communautaire doit être préservé au niveau environnemental sinon les conséquences seront dramatiques en termes de préservation de la biodiversité ou encore de pollution de l’air", juge Faustine Bas-Defossez, spécialiste des politiques agricoles au European Environmental Bureau.
Mais il semblerait que seuls deux tiers de ces normes continueraient à être appliquées. "Andrea Leadsom, secrétaire d’État à l’environnement a reconnu qu’un tiers des règles environnementales existantes ne s’appliqueront plus comme par exemple celles qui exigent des rapports à la Commission européenne", précise Viviane Gravey, spécialiste des politiques environnementales et agricoles européennes.
Autre obstacle : la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) n’aura plus de compétences pour faire respecter ces normes, leur non-respect ne pourra donc plus être sanctionné. "Le Brexit ouvre une période d’incertitude profonde. Les britanniques ne pourront pas se saisir de la CJUE pour faire respecter le droit environnemental", poursuit Viviane Gravey, également enseignante à la Queen’s University Belfast. "Ce qui est clair c’est que le Royaume-Uni ne doit pas pouvoir un accès large au marché unique avec des normes environnementales moins-disantes."
Moins d’ambition
La perte de l’expertise du Royaume-Uni sur le climat a également été identifiée comme un sujet de préoccupation. Les britanniques ont été moteurs sur plusieurs dossiers comme le verdissement de la politique agricole ou la réforme sur la pêche. Même si ce leadership semble avoir été amoindri par l’arrivée au pouvoir de la conservatrice Theresa May. Le gouvernement britannique a d’ailleurs annoncé dimanche 2 juillet sa décision de quitter la convention de Londres sur la pêche de 1964 afin de retrouver le contrôle exclusif des droits de pêche à proximité de ses côtes, conformément au vote en faveur du Brexit.
"Peut-être que l’UE va pouvoir mieux avancer sur certains sujets où la voix du Royaume-Uni était plutôt sceptique comme sur la fracturation hydraulique, les sables bitumineux ou l’efficacité énergétique sur lesquels il poussait pour une déréglementation, conclut Vivane Gravey. Reste à savoir si les pays qui jusqu’à présent se cachaient derrière Londres vont oser "sortir du bois" et afficher frontalement leur opposition". Le retrait britannique pourrait aussi pousser d’autres pays à être moins ambitieux sur les engagements climatiques. Le Brexit va en tout cas servir de test pour savoir si l’Union européenne est vraiment engagée dans la transition écologique.
Concepcion Alvarez @conce1
Publié le 4 juillet 2017
Le 29 mars dernier, le Royaume Uni déclenchait l’article 50 du Traité de l’Union européenne initiant une procédure de retrait inédite. Les négociations sont désormais en cours sur les contours de ce Brexit et doivent aboutir au plus tard en mars 2019. Parmi les incertitudes, il y a l’impact de cette sortie sur les politiques écologiques en Europe.
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