Publié le 5 juillet 2017

Face aux risques et opportunités liés à la transition énergétique, les investisseurs sont de plus en plus nombreux à se mobiliser pour plaider en faveur d’une décarbonation de l’économie. Ces investisseurs dits engagés engagent des actions à la fois auprès des régulateurs et auprès des entreprises. Un mouvement qui s’est accéléré une première fois avec l’Accord de Paris et aujourd’hui en réponse aux actions de Donal Trump qui a fait sortir les États-Unis de ce traité.

L’Accord de Paris, l’accord international de référence sur le climat qui se donne pour objectif une limitation du réchauffement climatique bien en deçà de 2°C, mobilise fortement les investisseurs du monde entier.

Une mobilisation internationale

Ratifié par plus de 140 pays, l’Accord de Paris donne un cadre pour la transition énergétique au niveau mondial et permet au monde économique et financier d’avoir une visibilité sur le long terme et donc de mieux gérer les risques liés aux changements climatiques et à la transition énergétique. C’est pourquoi, en amont même de la COP21 où l’accord a été signé, plus de 120 investisseurs internationaux avaient déjà signé l’Appel de Paris en faveur d’une économie bas carbone et résiliente aux changements climatiques.
Depuis l’arrivée de Donald Trump à la présidence des États-Unis et la sortie du pays de l’Accord de Paris, cette mobilisation s’est paradoxalement intensifiée.
En mai dernier, une lettre signée par 217 investisseurs institutionnels (ex : AXA Group, BNP Paribas Asset Management, Caisse des Dépôts – Groupe) représentant ensemble plus de 15 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion appelaient l’ensemble des pays signataires de l’Accord mais aussi et surtout les pays les plus puissants de la planète et donc les plus émetteurs (membres du G7 et du G20) à mettre tous les moyens en œuvre pour atteindre ses objectifs, avec ou sans les États-Unis.
En tant qu’investisseurs institutionnels de long terme, nous croyons que l’atténuation des changements climatiques est essentielle pour la sauvegarde de nos investissements“, écrivaient-ils pour expliquer leur démarche. 

Les déclinaisons régionales

Cette mobilisation internationale se décline aussi au niveau régional voire national. C’est le cas aux États-Unis où investisseurs et entreprises américaines se sont unis à plusieurs reprises pour défendre la lutte contre le changement climatique.
Ce fut le cas récemment avec l’initiative We are Still In à la suite du retrait américain de l’Accord de Paris mais aussi il y a déjà quelques années pour le clean Power plan d’Obama.
C’est aussi le cas en Europe où l’IIGCC, le groupe des investisseurs institutionnels sur le changement climatique (140 membres représentant 18 000 milliards d’actifs sous gestion), mène un lobbying régulier auprès des institutions de l’Union européenne pour s’assurer que des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre ou des standards rigoureux d’efficacité énergétiques des bâtiments soient mis en place.

Les demandes des investisseurs envers les entreprises

Les investisseurs se réunissent également en coalition pour demander des comptes directement aux entreprises.
C’est par exemple l’objet de l’initiative Carbon Action du CDP, une coalition internationale d’investisseurs représentant 25 000 milliards de dollars en faveur de la transparence des entreprises. Cette initiative demande aux entreprises de faire non seulement la lumière sur leurs émissions de gaz à effet de serre (directes et indirectes) mais aussi des objectifs chiffrés qu’elles ont prises pour réduire leurs émissions et le retour sur investissement des actions qu’elles ont menées. En 2017, le CDP va également demander aux entreprises de s’engager dans la coalition d’acteurs économiques sur le climat qui fait référence au niveau international : We Mean Business et de s’engager sur une stratégie compatible avec les objectifs 2°C (Science Based Targets).
Pour certaines entreprises symboliques, comme Exxon ou Shell, des coalitions se forment également pour poser et faire voter des résolutions climat lors des assemblées générales. Certaines se contentent de demander plus de transparence mais d’autres vont plus loin en demandant par exemple aux entreprises d’opérer un changement de stratégie face au risque carbone (voir notre étude sur les résolutions climat).

Précédent :
Pourquoi les investisseurs s’intéressent-ils au changement climatique ?
Quelles sont les actions des investisseurs en faveur du climat ?
[Infographie] Pourquoi le changement climatique est un sujet financier?

Béatrice Héraud @beatriceheraud

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