Société Générale -7,47 %, BNP Paribas – 4,76 %, Engie -3, 20 %, Vinci -5,37 %. Ce sont quelques-unes des baisses enregistrées par les grandes entreprises françaises cotées au lendemain de l’annonce de la dissolution du Parlement et de l’organisation des législatives trois semaines plus tard. Les investisseurs s’interrogent sur “la trajectoire économique de la France”. Selon l’analyse de la banque d’investissement Natixis, la coalition menant à une éventuelle cohabitation “pourrait brutalement interrompre les réformes alors que les finances publiques ne laissent aucune marge de manœuvre budgétaire pour de nouvelles dépenses ou la remise en cause de mesures d’économie déjà engagées”.
La même analyse les conduit à penser que la dissolution et le résultat électoral qui pourrait en découler constitue “une menace supplémentaire pour la notation de la dette de la France alors que l’agence S&P vient de l’abaisser d’un cran”. Même analyse pour l’agence de notation Moody’s qui souligne un risque pour la France. Natixis va jusqu’à envisager que les investisseurs étrangers puissent se détourner de la France jusque-là très attractive ! Le 13 mai dernier, Emmanuel Macron célébrait en grandes pompes la septième édition du rendez-vous “Choose France” avec des “promesses” d’investissements de 15 milliards d’euros pour 56 projets portés, entre autres, par Amazon ou Microsoft qui voudrait mettre 4 milliards d’euros dans de nouveaux data center en France. Un mois plus tard, ces projets pourraient être remis en cause par le changement de donne politique.
L’incertitude inquiète les marchés
Ce n’est pas le score du Rassemblement National qui provoque ces turbulences puisqu’il est conforme aux sondages distillés jour après jour qui n’ont pas ébranlé les marchés financiers. En revanche la perspective de voir le fonctionnement européen perturbé pendant plusieurs semaines puisque personne ne pourra négocier au nom de la France avant le 7 juillet prochain, pose problème tout comme la grande incertitude sur le rôle que vont jouer les parlementaires d’extrême droite hostiles au Green Deal. Les valeurs des énergies vertes déjà très malmenées ces derniers mois ont elle aussi subi les conséquences des élections. Voltalia par exemple entreprise à mission spécialiste des énergies vertes et des services associés, commençait à regagner du terrain après avoir vu sa valeur boursière diminuer de 32 % sur un an. Elle a perdu plus de 5 % lundi dans la journée.
De façon générale les indices de référence des principales places boursières européennes ont fini la première journée d’après la dissolution dans le rouge. L’inconnue française renforce l’idée que le projet européen est le premier vrai perdant des élections européennes. L’élan du Green Deal et les projets de transformation qu’il porte sont tout aussi menacés que les idées de défense commune ou de grand emprunt de 1000 milliards pour financer la transition.
Les marchés anticipent en partie la tendance qui domine déjà aux Etats Unis où les grands acteurs financiers renoncent lentement mais sûrement aux grands engagements sur le climat pris entre 2015 et 2022 et semblent se résigner à l’élection de Donald Trump. Si l’Europe suit cette tendance cela compromettra son leadership sur la transformation durable et entrainera, à terme une stagnation économique qui menace déjà. Or cela n’est jamais très bon pour les marchés financiers de sentir que la situation ne peut que s’aggraver, quel que soit le résultat du scrutin.